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CRITIQUE - Les Noces de Stravinski et L’Héroïque de Beethoven à l’OSM : Oui, je le veux

CRITIQUE - Les Noces de Stravinski et L’Héroïque de Beethoven à l’OSM : Oui, je le veux

Orchestre symphonique de Montréal, 2024
Photographie : Antoine Saito

Mercredi soir, l’Orchestre symphonique de Montréal retrouvait dans un programme éclectique celui qui a été son directeur artistique et chef d’orchestre durant plus d’une décennie : Kent Nagano. Le public était au rendez-vous et a semblé on ne peut plus enthousiaste de revoir Nagano à la barre de l’ensemble, comme en a témoigné l’avalanche d’applaudissements tant à son arrivée sur scène qu’à la toute fin du concert (maestro Nagano est revenu saluer le public à pas moins de trois reprises). 

Le programme du concert était aussi des plus prometteurs : Les Noces de Stravinski en première partie, puis la troisième symphonie, appelée « L’Héroique », de Beethoven en deuxième partie. Au terme de l’événement, j’ai eu l’impression d’avoir assisté à deux concerts différents tellement le programme était contrastant, mais à deux concerts interprétés avec brio qui m’ont laissée franchement satisfaite. 

Les Noces de Stravinski est une œuvre de la fin de la période russe du compositeur, à l’instrumentation très intéressante et particulière : quatre pianistes et sept percussionnistes étaient réunis à l’avant-scène, accompagnés par quatre solistes lyriques et le chœur de l’OSM, qui a été impeccablement préparé par Andrew Megill. Néanmoins, aussi « peu » d’instruments sur scène ne rime pas avec un volume plus bas : cette œuvre lyrique traduit avec précision l’ambiance d’un mariage – brouhaha, interventions vocales superposées, agitation, intensité. Il s’est agi d’un spectacle très stimulant qui donnait parfois le tourni (dans le bon sens). 

L’interprétation s’est avérée une réussite en tous points : les percussionnistes et pianistes méritent une mention d’honneur pour leur précision hors pair, les quatre solistes incarnaient leurs personnages de façon convaincante bien qu’il n’y avait pas de mise en espace, et le chœur a livré une performance tout simplement extraordinaire. Saluons au passage une merveilleuse diction de la part de l’ensemble des artistes lyriques mobilisés sur scène, pour cette œuvre qui est en langue française et dont il était somme toute possible de saisir le contenu sans l’aide absolue des surtitres. Certes, la superposition des strates sonores rendait parfois plus ardue l’audition des interventions pianistiques ou des solistes, mais il est possible d’attribuer cela au fait que j’étais assise au parterre avant – les gens aux étages supérieurs ont dû avoir un meilleur retour sonore global.

Orchestre symphonique de Montréal, 2024
Photographie : Antoine Saito

Des commentaires tout aussi positifs peuvent être faits à l’égard de la Symphonie nº 3 de Beethoven, qui fait partie du répertoire canonique de toute formation orchestrale de renom. Nagano a attaqué le premier mouvement avec une vitesse des plus allantes, et l’orchestre l’a suivi avec précision. Parmi les éléments dignes de mention, j’aimerais souligner la disposition des seconds violons : ceux-ci étaient installés à droite du chef, comme on le voit à quelque reprise chaque année, ce qui a permis au public de bien entendre leurs échanges constants avec les premiers violons. S’il y a un bémol à identifier, il s’agit à mon sens de la balance sonore entre les cordes et les vents durant le quatrième mouvement : j’aurais préféré plus de volume chez les vents qui, au même titre que les cordes, ont des interventions essentielles au discours musical.

En somme, l’OSM et son ancien chef Kent Nagano ont offert au public une excellente performance musicale énergique et toute en finesse, à la hauteur de ce que l’on souhaite entendre lorsqu’on franchit la porte de la Maison symphonique pour assister à un concert de cette formation.

L’héroïque Symphonie no 3 de Beethoven par Kent Nagano

ORC : Orchestre symphonique de Montréal
CHO : Chœur de l’Orchestre symphonique de Montréal

Production
Orchestre symphonique de Montréal
Représentation
Maison symphonique de Montréal , 10 avril 2024
Direction musicale
Kent Nagano
Interprète(s)
Louise Kemény (soprano), Ema Nikolovska (alto), Andreas Conrad (tenor), Matt Boehler (basse)
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