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CRITIQUE - Deux siècles de musique vocale : La recherche de l’originalité de St-Gelais et Pelletier

CRITIQUE - Deux siècles de musique vocale : La recherche de l’originalité de St-Gelais et Pelletier

Photographie : Andy Jon

Agréable et original sont les adjectifs pouvant le mieux s’adapter au concert s’étant déroulé le dimanche 15 octobre 2023 dans la salle de concert du Conservatoire de musique de Montréal. Les deux protagonistes de l’évènement ont été Elisabeth St-Gelais, soprano nommée Révélation classique Radio-Canada 2023-2024, et Louise Pelletier, pianiste d’expérience ayant notamment une carrière de plus de vingt ans comme pianiste-collaboratrice à l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Les deux artistes ont proposé un programme, présenté de manière très précise par l’animateur du concert Georges Nicholson, marqué par une originalité certainement appréciable : en fait, elles ont donné la voix à de petits joyaux dHector Berlioz, Francis Poulenc, Kurt Weill et Giuseppe Verdi que l’on retrouve rarement dans les programmes des concerts de musique vocale. 

Même si certains parmi ces compositeurs sont souvent choisis par les interprètes du monde entier, les morceaux qu’on a entendus dimanche étaient sans doute particuliers : c’est le cas, par exemple, de ceux choisis dans le répertoire de Giuseppe Verdi, duquel nous n’avons pas écouté les transcriptions d’airs d’opéras les plus célèbres et prévisibles, mais plutôt des œuvres pour voix et piano presque méconnues. En outre, il est remarquable que presque toutes les pièces au programmecomportaient plusieurs moments où la voix descendait dans un registre plutôt central, pour ne pas dire grave, ce qui est un choix assez particulier de la part d’une soprano.

Le concert a commencé par la suite Les nuits d’été de Berlioz, dont les deux premiers numéros se sont révélés particulièrement intéressants par rapport aux autres ; St-Gelais a proposé une interprétation très convaincante de « Villanelle », puisqu’elle a fait pleinement émerger le caractère rustique de cette forme de chanson, et elle a été très expressive dans « Le spectre de la rose ». Pendant toute la suite, l’accompagnement pianistique a été exceptionnel et a favorisé l’effet expressif dans les cas où la voix manquait légèrement de nuance piano. 

Ensuite, l’attention du public a été portée sur les compositeurs des décennies suivantes, entre la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle, avec l’interprétation d’œuvres de Poulenc et Weill. Cette partie du concert a été également caractérisée par la voix intéressante de St-Gelais notamment lors des nuances élevées, et par l’accompagnement toujours précis de Pelletier. Parmi les différents morceaux de ces compositeurs, celui qui s’est le plus distingué est « Hôtel » de Poulenc, interprété par la chanteuse de manière très communicative, à travers des regards et sourires adressés directement au public, qui s’est ainsi senti davantage engagé

Le concert s’est finalement conclu avec des airs de Giuseppe Verdi. La prononciation italienne de St-Gelais a été toujours très bonne et le deuxième morceau, « L’esule », a été particulièrement agréable dans sa dernière section, où tout l’esprit vif et puissant de cette sorte de cabaletteverdienne est pleinement ressorti, en plus de susciter une évidente appréciation du public. 

Les nuits d’été

Production
Société d'art vocal de Montréal
Représentation
Salle de concert du Conservatoire de musique de Montréal
Interprète(s)
Elisabeth St-Gelais
Pianiste
Louise Pelletier
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