Critiques

 Geoffroy Salvas et le Camerata RCO
Salle Bourgie, 28 mars 2023
Photographie : Pierre Langlois 

Après le dernier - et remarquable - concert de l’intégrale des cantates de J. S. Bach du 26 mars dernier sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, la salle Bourgie recevait le Camerata RCO formé de musiciens et musiciennes du célèbre Concergtebouworkest d’Amsterdam de même que le baryton québécois Geoffroy Salvas. 

Si les prestations des instrumentistes néerlandais dans les œuvres de Bohuslav Martinu (La Revue de cuisine) et Joaquin Turina (Trio pour violon, violoncelle et piano n^o 2) furent dignes de mention, c’est leur interprétation des trois œuvres de Francis Poulenc inscrites au programme qui ont particulièrement attiré notre attention et suscité notre intérêt. 

Ainsi, dans L’Invitation au château, une musique de scène composée en 1947 par Poulenc pour la pièce éponyme de Jean Anouilh, le violoniste Marc Daniel van Biemen, le clarinettiste Hein Wiedjik et le pianiste Ramon van Engelenhoven ont donné une véritable leçon de vivre - la musique – ensemble, particulièrement dans le tango de la pièce.

S’agissant du Trio pour hautbois, basson et piano, les trois instrumentistes ont révélé une réelle complémentarité, le bassoniste Jos de Lange ayant été particulièrement brillant, démontrant sa capacité à faire de son instrument le porteur d’une ligne mélodique se voulant comique à souhait.

Mais le grand moment de ce concert a été la remarquable prestation du baryton québécois Geoffroy Salvas dans Le bal masqué que Poulenc présente comme une cantate profane pour baryton et orchestre de chambre, et dont les paroles sont celles des poèmes de Max Jacob. Du « Préambule » à la « Finale », en passant par l'« Air de bravoure », l’« Intermède la Malvina », la « Bagatelle » et « La dame aveugle », le chanteur a offert une performance hors du commun, caractérisée par une diction impeccable, un fort sens dramatique et surtout cet humour caustique qui sied bien à honorer l’amusante partition de Poulenc. L’ensemble RCO a quant à lui réussi un véritable tour de force en offrant à l’interprète un accompagnement tout aussi amusé qu’énergique.

Les applaudissements nourris de l’auditoire pour Geoffroy Salvas ont démontré hors de tout doute que celui-ci est un artiste qui mérite d’être davantage entendu et dont l’indéniable talent devrait être mis au service de nos compagnies lyriques, de nos orchestres et ensembles. Mais les ovations furent aussi destinées aux membres de la Camerata RCO, et militent en faveur d'une nouvelle invitation à la salle Bourgie avant les sept ans qui nous séparaient de leur première visite dans la métropole - ou pourquoi pas de la part d'un Club musical de Québec, pour faire apprécier cet ensemble d'exception aux mélomanes de notre Capitale nationale.