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CRITIQUE - Une soirée « à la messe » : le Requiem de Mozart par le Chœur classique de Montréal et la Sinfonia de Montréal

CRITIQUE - Une soirée « à la messe » : le Requiem de Mozart par le Chœur classique de Montréal et la Sinfonia de Montréal

Photographie : Jean-Paul Desjardins

C’est dans une Maison symphonique fébrile et bien remplie que le Chœur classique de Montréal et l’orchestre Sinfonia de Montréal ont présenté le 21 janvier dernier leur concert Requiem de Mozart – Concert dédié aux victimes de la COVID-19 et à leurs familles sous la direction de Louis LavigueurComme une panoplie d’évènements présentés durant la seconde moitié de 2022 et qui prendront place en 2023, ce concert avait été programmé à l’origine en février 2022, et a été reporté à la suite des mesures mises en place pour contrer le variant Omicron. 

Le programme était constitué de deux messes : Harmoniemesse de Haydn, œuvre aux accents joyeux soulignant selon le chef d’orchestre le sentiment de légèreté associé au retour du quotidien « normal » à la suite de ces dernières années pandémiques, et le funèbre Requiem de Mozart, mettant quant à lui de l’avant la tristesse associées aux nombreuses pertes qui ont été engendrées par la COVID-19. Pour l’occasion étaient réunis avec le chœur et l’orchestre les solistes Andréanne Brisson-Paquin (soprano), Rose Naggar-Tremblay (mezzo), Antonio Figueroa (Ténor) et Philippe Martel (basse). C’est donc une belle soirée musicale qui s’annonçait sous le toit de la Place des Arts, et l’enthousiasme de Lavigueur était contagieux alors qu’il commençait le concert en exprimant, rieur, qu’il « y avait du monde à la messe » !

L’Harmoniemesse servie comme première œuvre de ce concert s’est avérée un choix judicieux : elle nous a permis de découvrir un orchestre et un chœur pleins d’énergie. Dès les premières notes jouées, il était possible de percevoir la cohésion des deux ensembles d’interprètes. Tous respiraient et bougeaient ensemble  c’était beau à voir. Le chœur s’est particulièrement démarqué grâce au grand caractère insufflé à son interprétation, servant des crescendos et decrescendos très effectifs et bien maîtrisés. Les solistes ont également offert une performance agréable, les timbres vocaux des duos féminins et masculins s’agençant très bien entre eux, créant ainsi une très belle sonorité. La présence scénique d’Andréanne Brisson-Paquin est à noter ici : elle a su animer l’œuvre par les diverses émotions mobilisées dans son interprétation, ce qui ajoutait une dimension très intéressante pour le public. 

L’interprétation du Requiem de Mozart (ou, comme l’a rappelé Lavigueur, de Mozart et al. puisque l’œuvre a été complétée à titre posthume), pièce maîtresse du concert, a quant à elle été touchante. Elle a notamment permis d’apprécier pleinement le timbre feutré de la voix de Rose Naggar-Tremblay, dont la grande projection est impressionnante. C’est d’ailleurs la projection et la balance sonore qui ont été un enjeu important à certains moments de l’œuvre : malheureusement, on peinait parfois à entendre les interventions de la basse Philippe Martel, qui chantait pourtant avec vigueur et rectitude. En ce qui a trait à l’orchestre, c’est au sein des sections de cordes que l’on aurait souhaité une meilleure balance au niveau du volume : les violoncelles et les contrebasses, à la sonorité pourtant imposante, n’étaient pas très audibles. La basse étant si importante et caractéristique chez Mozart, il était décevant de ne pas la percevoir davantage. 

La soprano Andréanne Brisson-Paquin s’est à nouveau démarqué dans l’œuvre par sa présence scénique, et par la pureté de son chant. Même lors des moments d’écoute, elle semblait pleinement engagée dans la musique. Si l’interprétation du ténor Antonio Figueroa était sans faille du côté de la technique vocale, c’est au plan communicationnel qu’elle était moins bien réussie : on le sentait quelque peu distant et moins en communion avec ses comparses que les autres. 

Somme toute, c’est un beau moment de musique que nous ont offert les deux formations sous l’énergique direction de Louis Lavigeur, que l’on a senti pleinement impliqué du début à la toute fin du concert. Une joie immense semble l’habiter durant ses prestations, et c’est là un aspect des plus importants : la communication entre un chef et son effectif peut engendrer de splendides résultats, et c’est ce qui s’est produit lors de ce concert !

Requiem de Mozart - Concert dédié aux victimes de la COVID-19 et à leurs familles

ORC : Sinfonia de Montréal
CHO : Chœur classique de Montréal

Production
Choeur classique de Montréal
Représentation
Maison symphonique de Montréal , 21 janvier 2023
Direction musicale
Louis Lavigueur
Interprète(s)
Andréanne Brisson-Paquin (soprano), Rose Naggar-Tremblay (mezzo), Antonio Figueroa (ténor), Philippe Martel (basse)
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