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CRITIQUE - Soirée triomphale pour Payare et le Chœur de l’OSM

CRITIQUE - Soirée triomphale pour Payare et le Chœur de l’OSM

C’était une soirée chargée qui attendait le Chœur de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) afin de clôturer la première saison du chef Rafael Payare à la barre de la formation musicale. En première partie, deux œuvres pour chœur et orchestre de Brahms, Nänie, op. 82 et Schicksalslied (Chant du destin), op. 54, puis la Symphonie n9 en mineur, op. 125 de Beethoven en deuxième partie.

La première moitié du concert a bien mis en valeur les qualités du chœur : alors que dans Nänie Payare semblait miser davantage sur les contrastes, c’est la qualité des phrasés qui est ressortie dans Schicksalslied. Le chœur s’est particulièrement illustré dans les nuances piano et pianissimo en offrant au public une variété de timbres, passant aisément d’une couleur feutrée à une teinte plus cristalline. 

Après trois mouvements de très grande qualité, dont un premier mouvement d’un dramatisme bouleversant, les premiers accords du dernier mouvement de la célèbre symphonie de Beethoven avaient de quoi décevoir. On sentait un manque de puissance et d’assurance de la part des cuivres qui n’ont d’ailleurs pas été à la hauteur du reste de l’orchestre à plusieurs reprises au cours de la soirée, notamment lors du passage dans le quatrième mouvement où les ténors et les basses sont accompagnés des trombones qui apparaissaient désintéressés de leur tâche (mes. 594 à mes. 602).

Or, tout a changé lors de l’entrée percutante du baryton Ryan Speedo Green dont le solo a été phénoménal. Sa performance s’est fortement démarquée du reste, même si Karina Gauvin (soprano), Sophie Harmsen (mezzo-soprano) et Frédéric Antoun (ténor) ont offert une interprétation très juste de l’œuvre. Il importe tout de même de souligner que le solo d’Antoun manquait légèrement de puissance et de projection, indépendamment des indications de la partition – surtout en comparaison avec celui de Speedo Green.

Somme toute, le chœur a très bien chanté ce morceau et l’OSM nous a livré une très bonne exécution de ce monument de la musique dite classique. Les chanteurs et chanteuses ont d’ailleurs réussi à braver le tempo assez sportif choisi par Payare dans le dernier mouvement. Cependant, pour un programme chanté tout en allemand, on se serait attendu à ce que les consonnes soient plus prononcées surtout en fin de mot. La faute est peut-être attribuable au chef de chœur Andrew Megill plutôt qu’aux musiciennes et musiciens en tant que tels. Le problème n’a néanmoins pas trop terni la performance qui, dans son ensemble, a été très agréable. Dommage néanmoins que le public ait applaudi entre chaque mouvement de la symphonie, venant ainsi briser l’unité de l’œuvre qui se révèle à plusieurs niveaux dans le mouvement final.

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La triomphale Neuvième symphonie de Beethoven
Œuvres de Brahms et Beethoven
Production : Orchestre symphonique de Montréal
Maison symphonique de Montréal, 1er juin 2022

INT : Frédéric Antoun (ténor), Karina Gauvin (soprano), Sophie Harmsen (mezzo-soprano), Ryan Speedo Green (baryton-basse)
CHO : Chœur de l’Orchestre symphonique de Montréal
DM : Rafael Payare et Philippe Bourque (chef de chœur)
ORC : Orchestre symphonique de Montréal

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