Pour la lumière dont nous avons besoin
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Enregistré à l’Église Sainte-Marguerite-Bourgeoys à St-Hubert en février 2020, l’album Vivaldi : Luce e ombra se révèle être un véritable écrin qui met en valeur la voix claire et lumineuse de la soprano Myriam Leblanc.
Si l’idéateur du projet, le flûtiste Grégoire Jeay, écrit dans le livret du disque que le programme est « tout en contrastes – clair-obscur, tristesse-gaité, désespoir-joie exubérante », ceux-ci ne sont pas, du moins à la première écoute, des plus frappants. Il y a en effet beaucoup plus de lumière que d’ombre dans cet enregistrement et c’est dans l’interprétation, dans les nuances et le phrasé que se dévoilent les contrastes évoqués par les textes des airs choisis. Le soin apporté à la diction rend les mots parfaitement compréhensibles, ce qui renforce encore davantage l’expérience esthétique à laquelle nous invite ce disque.
La lumière jaillit ainsi de multiples façons : les moments les plus marquants sont sans nul doute les passages a capella où la voix de Myriam Leblanc est éclatante de transparence dans les aigus. C’est le cas notamment dans « Vedrò con mio diletto » et dans « Gelido in ogni vena » deux extraits de l’opéra Il Farnace du compositeur vénitien. La beauté de la voix de la soprano surgit autant des vocalises réalisées avec agilité et finesse que des notes tenues où sa voix atteint la pureté et laisse une agréable impression de plénitude.
Les passages où les parties de chant et de flûte partagent les mêmes lignes mélodiques sont aussi d’un très bel effet, tant l’interprétation de Grégoire Jeay et Myriam Leblanc semble procéder d’un seul et même souffle. Les phrasés sont en adéquation et les timbres se marient au point même de fusionner sur le mot « speranza » dans « Sposa son disprezzata » extrait de l’opéra Bajazet. Cet effet obtenu par la juste combinaison de nuances et de phrasés, révèle à elle seule toute la maîtrise que les interprètes possèdent de leurs instruments respectifs.
L’album est complété par quelques œuvres instrumentales qui mettent de l’avant les talents d’Antoine Malette-Chénier à la harpe triple baroque et de Marie-Michel Beauparlant au violoncelle. C’est là un autre contraste de ce disque qui, loin de lui porter ombrage, contribue à en faire un bijou où est sertie la voix de Myriam Leblanc. À écouter sans modération pour combler les manques de lumière dans nos vies.
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Vivaldi : Luce e ombra
Étiquette : Analekta
Date de sortie : 25 septembre 2020
Code : AN 2 9137
INT : Myriam Leblanc (soprano)
INS : Ensemble Mirabilia : Grégoire Jeay (flûte), Antoine Malette-Chénier (harpe triple baroque), Marie-Michel Beauparlant (violoncelle)
- Production