Critiques

Dion Mazerolle (Carlo), Elia de Silvio Palmieri, extrait présenté lors du concert Poesiole dans le cadre du Festival Montréal nouvelles musiques, 2021

Dans le cadre du Festival Montréal nouvelle musique, l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) et l’Ensemble Paramirabo unissaient leurs forces pour présenter un concert hommage au compositeur québécois d’origine italienne Silvio Palmieri, disparu en 2018. L’évènement présentait un compendium d’œuvres de l’artiste dont deux comportant une dimension lyrique, Poesiole notturne pour soprano et orchestre de chambre ainsi qu’un extrait tiré de son opéra Elia.

L’homogénéité du programme, qui a mis en valeur le travail de Palmieri, avait le grand avantage de permettre au public une immersion complète dans le langage du compositeur, notamment par la discussion de la cheffe Véronique Lacroix et de Louise Bessette, qui ont partagé leurs réflexions avec l’animateur Georges Nicholson. Ces interactions ont ainsi servi à guider l’écoute des différentes œuvres en attirant l’attention sur certaines particularités propres à l’écriture de Palmieri. Véronique Lacroix soulignait entre autres que dans Poesiole notturne, il était possible d’entendre des pleurs dans la partie vocale, ce que Sarah Albu a su rendre avec justesse. À son tour, la pianiste Louise Bessette qui interprétait deux Préludes de Palmieri, qui les lui avait d’ailleurs dédiés, a souligné l’amour marqué du compositeur pour cet instrument, un fait qui est confirmé par le rôle principal que tient le piano dans Elia.

La soirée s’est conclue par la présentation de la troisième partie de son opéra Elia qui relate l’histoire tragique d’une femme ayant commis un infanticide. Palmieri a bien dû pressentir qu’il y a là tout ce qu’il faut pour lui ouvrir les portes de « l’Opéra avec un grand “O” », comme l’a si bien dit Véronique Lacroix. Cette très belle partition de Palmieri crée des ambiances fortes qui soutiennent à merveille le drame intense qui se joue dans le livret. Le choix de présenter seulement une partie peut apparaître discutable; on peine d’ailleurs à comprendre à quel moment du récit nous entrons dans l’œuvre et une rapide mise en contexte aurait été plus que bienvenue. Qu’à cela ne tienne, l’interprétation de Dion Mazerolle, qui incarne le personnage de Carlo, le père de l’enfant disparu, suffit à comprendre que l’action se situe après l’acte terrible de la mère. Sa performance est très investie et son émotion est palpable lorsqu’il s’emporte sur les mots « parla mi ». Quant au personnage d’Elia, qui est dédoublé entre la soprano Sarah Albu et la mezzo-soprano Florence Bourget qui incarnent respectivement Elia avant et après le drame, il n’a pas un rôle prédominant dans cet extrait, mais il convient toutefois de souligner la sensibilité avec laquelle les deux chanteuses tiennent ce rôle complexe. Il est cependant déplorable qu’elles aient été placées dans les loges latérales surplombant la scène; cela permet difficilement de suivre ce qui se passe sur scène au moment où elles chantent, laissant même l’impression que les interprètes ne sont pas connectés entre eux. Heureusement, cet effet se dissipe sur le dernier mot qu’ils prononcent tous ensemble : « Eli-Amen ».

La direction de Véronique Lacroix fait ressortir tout ce qu’il a de beau dans cette œuvre et soutient de manière très juste les artistes lyriques. La finale de l’extrait est tout à fait puissante et appelle sans conteste à une nouvelle production de cette œuvre dans une mise en scène qui en sublime le propos.

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Poesiole – Hommage à Silvio Palmieri
Œuvres de Silvio Palmieri

INT : Sarah Albu (soprano), Florence Bourget (mezzo-soprano), Dion Mazerolle (baryton)
DM : Véronique Lacroix
PIA : Louise Bessette
ORC : Ensemble contemporain de Montréal (ECM+), Ensemble Paramirabo
AN : Georges Nicholson

Production : Ensemble contemporain de Montréal (ECM+), Festival Montréal nouvelle musique, Ensemble Paramirabo
En webdiffusion depuis le 25 février 2021
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