Critiques

VIRÉE CLASSIQUE DE L'ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL: LA FORCE DU NOMBRE ?

VIRÉE CLASSIQUE DE L'ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL: LA FORCE DU NOMBRE ?

(Photo: Choeur de l’Orchestre symphonique de Montréal, 2018.)

Le métier de choriste à l’opéra n’est pas de tout repos : souvent empêtrés dans des costumes inconfortables, obligés de manier la lance ou la lanterne, courant, dansant, se jetant à genoux, ces vaillants artistes doivent en même temps se souvenir de leurs paroles, de leurs notes et des nuances voulues par le compositeur, le tout sans jamais perdre de vue le bras du chef dans la fosse ! Par comparaison, les choristes œuvrant auprès de nos grands orchestres ont l’air de se la couler douce : vêtus d’amples vêtements noirs, leur partition ouverte sous leurs yeux, ils n’ont rien à faire d’autre que fixer le maestro…

En se rendant à ce bref concert de la Virée classique, on était donc curieux d’écouter des chœurs d’opéra dans ces conditions plus faciles pour les chanteurs. Curieux aussi d’entendre Kent Nagano dans le répertoire de Verdi, où il s’exprime moins souvent. Son Wagner est par contre mieux connu : on se souvient que le chef avait amorcé, il y a une dizaine d’années, une sorte de cycle, avec Tristan und Isolde en 2007, Tannhäuser en 2009 et Das Rheingold en 2011.   

Les spectateurs d’une Maison symphonique presque comble ont applaudi à tout rompre ce programme intelligemment conçu. Les extraits choisis résonnaient bien entre eux, que ce soit par leur ressemblance (les deux compositeurs font appel au même langage pour exprimer la solennité, à l’entrée de chevaliers teutons ou de guerriers égyptiens !) ou leurs différences (après une « Chevauchée des Walkyries » déchaînée, le Prélude de La Traviata a l’air d’un quatuor à cordes).

Pour l’occasion, l’OSM avait réuni près de cent choristes, masse sonore rare si on compare à ce qu’on peut entendre dans nos maisons d’opéra québécoises (par exemple, une soixantaine pour Aida ou Nabucco à l’Opéra de Montréal). Préparés exceptionnellement par Maurice Boyer (en remplacement d’Andrew Megill), les choeurs de l’OSM comblent les oreilles d’abord par leur volume. Mais ils nous régalent aussi de toutes les nuances nécessaires dans le « Va, pensiero ». On aurait aimé de la part de Kent Nagano un peu plus d’abandon, au lieu de cette perfection sans doute un peu trop lisse. Peut-être touche-t-on ici à la limite d’une version concert de musique d’opéra : il y manque le frisson que peut susciter un choriste plus investi par la mise en scène...

Kent Nagano célèbre les grands choeurs de Wagner et Verdi

Oeuvres de Wagner (Die Meistersinger von Nürnberg : « Prélude », Tannhäuser : « Freudig begrüssen wir die edle Halle » et Die Walküre : Prélude « La chevauchée des Walkyries ») et de Verdi (La Traviata, Acte i : « Prélude », Nabucco, Acte iii : « Va, pensiero » et Aida, Acte ii : « Gloria all’Egitto »)

Production
Orchestre symphonique de Montréal
Représentation
Maison symphonique de Montréal , 31 août 2018
Chef de chœur
Maurice Boyer
Direction musicale
Kent Nagano
Interprète(s)
Orchestre symphonique de Montréal; Choeur de l'Orchestre symphonique de Montréal
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