Critiques

(Photo: Zita Bombardier-Touret (Carmen) et Vincent Ranallo (Escamillo) dans Carmen de Bizet, Op.ra dans le Parc, 2018. Crédit photo: Vanessa Fortin.)

Dans le cadre de la Semaine des arts de Notre-Dame-de-Grâce, les productions Alma Viva présentaient une version abrégée du célébrissime opéra de Bizet, Carmen. Pour une quatrième année consécutive, l’organisme œuvrant principalement dans les parcs du quartier proposait une adaptation théâtrale, style cabaret, de l’œuvre française, tout en soulignant ses grands moments lyriques.

La première, d’une série de trois représentations, réunissait une relève lyrique de choix, parrainée par Leila Chalfoun du FestivalOpéra de Saint-Eustache. La distribution était prometteuse et parfaitement adéquate pour un événement voulant ouvrir les spectres de l’art vocal aux familles et résidents du quartier.

Le public fut rapidement transporté dans l’univers de Carmen par la charismatique Zita Bombardier. L’excellence de son jeu permit de meubler la scène de son décor andalou et de compenser pour les petits intervalles entre les divers tableaux de l’opéra. Parmi les belles découvertes de la soirée, l’on compte la soprano Marie-Chantal Lemieux (Micaëla) et le ténor Thomas Macleay (Don José) qui ont su séduire la foule avec leur fabuleuse interprétation du duo « Parle-moi de ma mère », suivi de l’air du brigadier « La fleur que tu m’avais jetée ». Les prestations, admirablement soutenues et articulées malgré les limites imposées par la sonorisation, ont attesté l’incroyable technique de ces artistes.

Une première surprise fut de constater l’implication de l’équipe, notamment de la productrice Nadia Neiazy et du metteur en scène François Racine qui agirent tantôt comme narrateurs, tantôt comme techniciens de scène, mais incarnèrent les personnages de Mercedes et de l’ivre contrebandier. Faisant montre de créativité et de polyvalence, les artistes s’adaptèrent au public, s’approprièrent de l’environnement et n’ont épargné aucun moyen pour rendre hommage à l’œuvre de Bizet. Les prestations de la danseuse Kristen Céré ont été, de toute évidence, appréciées du public et ont notamment permis de créer un bel équilibre entre la narration, le chant et le théâtre.

La mise en espace, quant à elle, fut à la fois minimaliste et audacieuse. Les personnages n’hésiteront pas à s’intégrer dans la foule et inviter le public à participer au récit, comme cela sera le cas au deuxième acte avec l’arrivée distinguée du toréador Escamillo, interprété par Vincent Ranallo déambulant entre les pique-niqueurs et lançant de pétales de rose à la foule.

La production a été saluée par de chauds applaudissements de nouveaux et nouvelles opéraphiles qui anticipent le plaisir, j’en suis sûre – et comme ce sera mon cas –, de pouvoir à nouveau déployer leurs chaises pliantes pour un autre « Opéra dans le parc » l’été prochain.