DE BEAUX MOMENTS MUSICAUX AVEC MARIE-JOSÉE LORD
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Marie-Josée Lord, soprano
(@ André Chevrier)
Ouvrant sa saison 2017-2018 sur une note lyrique, l’Orchestre symphonique de Laval (OSL) et son chef Alain Trudel faisaient appel – « Pour l’amour de l’opéra » – à la soprano Marie-Josée Lord. Composé d’airs d’opéras italiens et français, le programme avait de quoi séduire les amateurs d’art lyrique avec des airs de Verdi et de Puccini connus du public, mais les invitait également à apprécier des pièces tirées d’œuvres lyriques de Massenet moins familières.
L’ouverture de La forza del destino révèle un orchestre en très grande forme. Les musiciens font preuve d’une énergie enthousiasmante et d’une expressivité toujours juste. Le timbre orchestral est resplendissant : soulignons le phrasé impeccable des hautbois et des clarinettes, de même que l’éclat des cuivres. Très virtuose, l’orchestre déploie une vaste palette dynamique, passant d’un piano subtil à de majestueux forte. On retrouve cette même attention aux détails et à la cohésion d’ensemble lors du Prélude de l’Acte I de La Traviata. Seul bémol : le volume sonore couvre parfois la chanteuse.
La voix puissante et ample de Marie-Josée Lord a offert aux auditeurs de beaux moments musicaux. Or, force est de constater que l’interprétation manque de variété sur le plan du style vocal, que vient amplifier l’économie de gestes scéniques. On aurait souhaité qu’elle incarne davantage la jeunesse de Butterfly (« Un bel dì »), l’aspect séducteur de Violetta (« Sempre Libera »), et le désespoir de Sœur Angelica (« Senza mamma »). En outre, la tessiture apparaît limitée : si le timbre, surtout dans le registre médium, reste chaleureux, les aigus sont parfois forcés, tandis que des problèmes surviennent dans le registre grave.
La deuxième partie du concert était consacrée au répertoire lyrique français, et plus particulièrement aux œuvres de Massenet. On aurait pu s’attendre à ce que le chef choisisse de faire interpréter à son orchestre une ouverture d’un opéra français, mais Alain Trudel a opté plutôt pour une interprétation – endiablée et fort réussie – de l’ouverture de l’opérette Les Trois Valses d’Oscar Strauss. Quant à la soliste de la soirée, elle a interprété les airs « De cet affreux combat… Pleurez mes yeux » de l’opéra Le Cid, l’air de Salomé « Il est doux, il est bon » tiré d’Hérodiade et « Dis-moi que je suis belle » de Thaïs. C’est dans ce dernier air que l’artiste lyrique s’est distinguée, avec une diction davantage aiguisée et cette musicalité dont elle est toujours capable. À ce public qu’elle a loué en lui disant qu’il était « idéal », elle a également offert en rappel « Somewhere » de Leonard Bernstein. Elle n’a pas été sans séduire un public dont on a pu penser qu’il était, depuis le début du concert, conquis d’avance.
Ce concert était l’occasion pour l’OSL d’enregistrer un deuxième disque chez ATMA Classique dont la parution est prévue pour l’hiver 2018. Le lancement de ce CD devrait d’ailleurs se faire dans le cadre d’un concert présentant un programme similaire au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, le 27 février 2018, dans le cadre du Festival Montréal en lumière.
Pour l’amour de l’opéra
Œuvres de Verdi, Puccini, Strauss et Massenet
- Production
- Orchestre symphonique de Laval
- Représentation
- Église Sainte-Rose-de-Lima (Laval) , 25 octobre 2017
- Direction musicale
- Alain Trudel (Orchestre symphonique de Laval)
- Interprète(s)
- Marie-Josée Lord, soprano