Une diva comme il ne s'en fait plus
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Après sa prestation au Festival de Lanaudière dans le Requiem de Fauré, Sumi Jo poursuivait sa tournée à Montréal dans le cadre de la Virée classique, organisé pour la cinquième année consécutive par l’Orchestre symphonique de Montréal. La soprano sud-coréenne était accompagnée par la très talentueuse pianiste Marie-Ève Scarfone, répondant à ses moindres variations musicales et ritardandi.
Le programme alternait entre airs de virtuosité et airs sérieux. Ce choix avait de quoi surprendre – pour ne pas dire plus – tant les changements de caractère étaient drastiques. Sumi Jo s’étant fait connaître à travers le monde grâce à ses rôles de colorature, il était normal de retrouver au programme des airs qui fassent appel à ces qualités vocales particulières. Les notes aigues étaient chantées avec la plus grande aisance, mais les nombreuses ornementations semblaient parfois buter dans le grave et le medium, la chanteuse ayant le souffle plus court.
La soprano pouvait davantage poser sa voix dans les airs sérieux. C’est aussi dans ces moments que son tempérament expressi f et a r t ist ique s’est fait jour. On ret iendra notamment l’air « Music for a While » de Purcell, composé pour la pièce de théâtre OEdipus de Dryden et Lee, « Sposa, son disprezzata » de Vivaldi, extrait de l’opéra Bajazet, et « Plaisir d’amour », une romance peu connue d’Égide Martini qui a ravi les auditeurs.
On ne saurait parler du récital sans au moins évoquer la manière dont la soprano s’est présentée au public. Au cours de sa prestation, la soprano n’a eu de cesse de mettre en scène un personnage de diva. Outre la profusion de gestes exubérants, il y avait ce plaisir presque coupable d’étirer les notes au-delà du nécessaire pour faire valoir son talent. Et quel talent ! Rarement avons-nous entendu une voix aussi f lexible dans les changements de nuances, même dans le pianissimo, et aussi capable de conserver une intonation parfaite.
En rappel, Sumi Jo a gratifié ses auditeurs du célèbre « O mio babbino caro » de Puccini. Pas un air de plus, malheureusement, car elle allait retourner le lendemain à la Maison symphonique pour se produire à un autre concert du festival.
« Les plus beaux airs avec Sumi Jo »
OEuvres de Rowley Bishop, Purcell, Rossini, Vivaldi, Adam,
Égide Martini et Dell’Acqua
- Production
- Orchestre symphonique de Montréal
- Représentation
- Place des arts - Cinquième Salle , 11 août 2017
- Instrumentiste(s)
- Sumi Jo
- Pianiste
- Marie-Ève Scarfone