Critiques

Il fallait avoir envie de grelotter sous un ciel menaçant pour assister le 24 juillet dernier aux 90 minutes du concert inaugural du 7e Festival d’opéra de Québec. Le gala, qui devait être « sous les étoiles », fut assombri par une épaisse couche de nuages gris. Il fallait aussi une bonne dose de courage aux musiciens, et particulièrement aux cantatrices aux épaules dénudées, pour garder le sourire et le plaisir de faire de la musique. Toutefois, dès les premières mesures, malgré le vent qui s’engouffrait dans les micros, les huit chanteurs invités nous ont charmés avec 17 airs, duos et ensembles dirigés rondement par Stéphane Laforest à la tête de la Sinfonia de Lanaudière. De Mozart à Franz Lehár, la soirée fut une réussite complète.

Julie Boulianne, qui ouvrait le concert, brilla dans les vocalises des Huguenots de Meyerbeer et fit preuve de sensualité et d’aplomb dans la Habanera de Carmen de Bizet. Antoine Bélanger, dont j’ai apprécié la plénitude vocale, s’est montré très éloquent dans « Ô Souverain, ô juge, ô père » du Cid de Massenet. Antonio Figueroa a avantageusement mis sa voix légère et ses beaux aigus de tête au service des Pêcheurs de Perles de Bizet et de « Ah ! Mes amis, quel jour de fête » (La Fille du régiment de Donizetti). Quand à Éric Thériault, son interprétation généreuse et sentie de « Vesti la giubba » dans le Paillasse de Leoncavallo est digne de mention. Ces trois ténors se sont retrouvés dans l’incontournable duel amical que représente désormais la chanson mexicaine Granada (Agustín Lara).

Moins connu à Québec, le baryton Christopher Dunham a fait sensation dans l’air du Toréador de Carmen, par la puissance de sa voix et sa prestance scénique. Autre découverte à suivre, la jeune Rimouskoise Magali Simard-Galdès, soprano léger, à la fois touchante et pleine de fraîcheur dans « O mio babbino caro » (Gianni Schicchi, de Puccini).

La présence de deux complices musicaux, Lyne Fortin et Jean-François Lapointe, était très attendue. La soprano a brillé par ses magnifiques interprétations de l’air de La Wally de Catalani et de la valse de Giuditta de Lehár, et le baryton a livré un impertinent tour de force dans le « Largo al factotum » du Barbier de Séville de Rossini. Leur tendre duo de la Veuve joyeuse de Lehár fut un des moments forts de ce concert. Tous les chanteurs sont revenus sur scène interpréter le sextuor de Lucia di Lammermoor de Donizetti.