La fête joyeuse du théâtre lyrique de la Montérégie

Pour célébrer ses 20 ans, le Théâtre lyrique de la Montérégie s’est attaqué à La veuve joyeuse de Franz Lehár : un monument d’opérette correspondant à quelque trois heures de chant, de danse, de théâtre et de musique orchestrale. À la joie du public, la troupe, soutenue par une mise en scène efficace d’Étienne Cousineau et une direction musicale lucide de Donald Lavergne, en a offert une version très réussie lors de cette soirée de la première.
La mise en scène témoigne d’un souci d’harmonie et d’un haut sens de l’efficacité. Rien de superflu, tout semble conçu et placé de manière à servir une idée ou une ambiance (tel un petit seau à vin, discrètement posé près d’une fenêtre, pour appuyer le caractère festif d’une scène, ou encore une pleine lune en arrière plan, pour établir une atmosphère romantique). Dans la vision de Cousineau, chaque acte possède une personnalité propre, marquée par des décors et des costumes spécifiques, de sorte que le spectateur suit avec facilité le déroulement des événements et ravive chaque fois sa curiosité pour l’univers de La Veuve.
Or, le succès de la soirée repose principalement sur l’excellence des comédiens-chanteurs. Mireille Bériault, dans le rôle de Nadia, offre ainsi dans son chant quelque chose de vif et de pétillant, en parfaite concordance avec la frivolité de son personnage. La voix d’Anick Pelletier, en contraste, dégage l’élégance que l’on pouvait espérer d’une Missia Palmieri (ses aigus présentent une belle tendresse, en particulier dans l’Air de Vilya). Du baryton Simon Chaussé, qui défend le rôle du Prince Danilo avec une extraordinaire aisance, l’on retient une agréable profondeur et, par instants, un timbre qui se feutre joliment. Il faut souligner également les contributions de Jessica Lessard, qui propose une Manon vivifiante, spirituelle, et de Simon- Charles Tremblay-Béchard, naïf à souhait dans le rôle de Camille de Coutançon.
Le choeur module avec justesse ses émotions (tantôt sombre et fragile, tantôt chaud et riche). Rendons hommage enfin à la direction du chef, claire, bien découpée, et néanmoins sensible aux moments où le drame requiert plus de liberté expressive.
Avec La veuve joyeuse et de tels interprètes, le Théâtre lyrique de la Montérégie fêtait au champagne son vingtième anniversaire… et le public s’est grisé!
La veuve joyeuse
Opérette en trois actes de Franz Lehár sur un livret de Victor Léon et Léo Stein
- Production
- Théâtre lyrique de la Montérégie
- Représentation
- Théâtre de la Ville, salle Pratt & Whitney Canada , 11 mai 2017
- Direction musicale
- Donald Lavergne
- Interprète(s)
- Mireille Bériault (Nadia) ; Anick Pelletier (Missia Palmieri) ; Simon Chaussé (Prince Danilo) ; Jessica Lessard (Manon) ; Simon‑Charles Tremblay-Béchard (Camille de Coutançon)
- Livret
- Victor Léon et Léo Stein
- Mise en scène
- Étienne Cousineau