UNE EXCELLENTE ALCINA
PHOTO: Simone McIntosh et Paula Berry
(@ Brent Calis)
Il s’agit d’une excellente production de l’Opéra McGill qui célèbre son soixantième anniversaire cette saison. Force est de constater que tout est mis en oeuvre pour que ces spectacles universitaires puissent être des plus enrichissants pour le parcours des chanteurs et des musiciens, mais aussi pour celui des divers techniciens qui, depuis peu, s’appliquent à sa diffusion sur Internet. Le tout est admirable et donne des fruits d’une grande qualité !
Une très bonne distribution vocale défilait sur la petite scène de la salle Pollack. Dans le rôle-titre, Paula Berry était plus crédible dans la part de faiblesse et d’humanité de la sorcière amoureuse que dans ses incarnations maléfiques. Ses deux airs de l’acte II (« Ah, mio cor ! » et « Ombre pallide ») étaient à proprement parler magnifiques. Megan Miceli campait une Morgana plutôt comique, ce qui lui a permis de compenser un timbre encore un peu jeune, quoique prometteur. Le coup de coeur va assurément aux mezzos Simone McIntosh et Veronica Algie : toutes deux sont d’une grande musicalité et d’une redoutable agilité. Leurs timbres complémentaires nous font regretter qu’Haendel n’ait pas composé de duos pour ces deux personnages ! Les rôles secondaires, dans un contexte étudiant, ont honorablement livré la marchandise. Dans la fosse, la direction d’Hank Knox était tout en élégance, réussissant à conserver de façon soutenue le style et la tension dramatiques (surtout à la fin des premier et deuxième actes, où le besoin d’un accord se faisait quelque peu ressentir. La maîtrise des instruments anciens n’est pas chose facile...).
La mise en scène laissait un peu perplexe. L’île de l’enchanteresse était campée dans un Orient imaginaire où une scénographie d’inspiration chinoise côtoyait des costumes et des accessoires japonais. Transposition peu convaincante, par conséquent, bien qu’il y ait quelques très bonnes idées (les amants d’Alcina transformés en arbres avaient un excellent potentiel qui aurait pu être exploité un peu plus).
Agréable soirée où la vitalité de ces jeunes musiciens et chanteurs a offert de nombreux moments de grand bonheur !
Alcina
Opéra en un prologue et trois actes de Georg Friedrich Haendel, livret de Riccardo Broschi (de son propre opéra L’isola di Alcina)
- Production
- Opéra McGill
- Représentation
- Salle Pollack , 5 novembre 2016
- Direction musicale
- Hank Knox, Orchestre Baroque de McGill
- Interprète(s)
- Paula Berry (Alcina) ; Megan Miceli (Morgana) ; Simone McIntosh (Ruggiero) ; Veronica Algie (Bradamante) ; Haitham Hadar (Oronte) ; Igor Mostovoi (Melisso) ; Hannah De Priest (Oberto)
- Mise en scène
- Patrick Hansen