TÊTE D'AFFICHE - Olivier Bergeron
Photographie: Chloé Bergeron
Olivier Bergeron sait depuis l’âge de 11 ans qu’il souhaite faire carrière dans le milieu lyrique. Celui qui a suivi des cours de piano étant jeune a eu la piqûre pour la musique classique lorsqu’il a hérité de la collection de vinyles de son grand-père. Le réel coup de foudre pour l’opéra s’est produit peu de temps après, lorsqu’il a participé au cours d’initiation à l’opéra offert au Camp musical Père Lindsay. « J’ai demandé à mes parents des billets pour aller assister à une production du Barbier de Séville. Après cela, le chant est devenu la seule chose que je voulais faire », raconte le baryton, qui a dès lors intégré le Conservatoire de musique de Montréal. Son premier contact avec la scène professionnelle s’est d’ailleurs produit rapidement, alors qu’il a pu, à l’âge de 16 ans, participer à la production de Dead Man Walking présentée par l’Opéra de Montréal.
L’une des rencontres déterminantes pour sa carrière est survenue lors d’un stage au Domaine Forget, alors qu’il a fait la connaissance du baryton François Le Roux. En effet, ce dernier l’a invité à se rendre en France pour aller y étudier la mélodie française. C’est cela, en plus de ses études auprès du baryton américain Sanford Sylvan, qui ont fait grandir en lui l’amour pour le répertoire de récital. « La mélodie, c’est comme l’orfèvrerie : il y a énormément de détails et d’aspects à travailler avec soin. Contrairement aux grandes productions d’opéra, le récital est dépourvu de tout artifice. C’est aussi pour un artiste l’occasion de prendre plusieurs décisions : on choisit notre répertoire et comment on le chante », spécifie l’interprète. Cette liberté sur le plan de l’interprétation, qui lui permet de créer à sa manière en collaboration avec les pianistes qui l’accompagnent, est l’une des composantes du récital qu’il préfère. C’est également un type de répertoire qui sied bien à sa voix, et qui lui permet de s’exprimer comme il le souhaite – notamment dans sa langue maternelle, le français.
Parmi les premières mélodies qu’Olivier Bergeron a abordées, on retrouve certaines pièces du cycle Die schöne Müllerin (La belle meunière) de Schubert. C’est d’ailleurs cette œuvre que le baryton présentera le 24 novembre prochain au Centre canadien d’architecture avec le pianiste Michael McMahon, dans le cadre d’un concert organisé par la Chapelle historique du Bon-Pasteur. Le baryton a déjà abordé auparavant le cycle en entier, puisqu’il l’a présenté en 2022 lors d’une résidence artistique effectuée au Musée d’art de Joliette avec son collègue Carl Philippe Gionet, artiste pluridisciplinaire. Ensemble, ils ont réalisé une production du cycle de Schubert à l’intérieur des murs du musée, en choisissant accessoires, mise en espace, éclairage et mode de présentation. En plus de la dimension musicale, leur proposition artistique comportait donc des composantes visuelles et d’improvisation. « Ça s’est avéré pour moi l’occasion d’aborder le cycle en créant un univers qui avait d’autres repères que seulement la musique et la partition », explique le baryton. Cette expérience lui a ainsi permis de s’approprier l’œuvre à sa façon.
Sur le plan strictement musical, Olivier Bergeron travaille le cycle Die schöne Müllerin depuis plus d’une dizaine d’années. Afin d’en absorber profondément le contenu, il a travaillé chaque lied un à un au fil des ans, en plus d’effectuer la traduction de tous les chants lui-même à la main dans un petit cahier qui constitue aujourd’hui l’un de ses outils chéris. « Je n’avais pas de date butoir afin de terminer mon apprentissage du cycle. Le but, c’était de l’intégrer le mieux possible et non de l’apprendre par cœur rapidement pour une occasion particulière. Ce fut un travail de très longue haleine », spécifie le baryton à cet égard. Il considère le personnage principal de Die schöne Müllerin comme un réel rôle à interpréter, et s’est même inspiré de méthodes de travail de certains acteurs du cinéma pour maîtriser ce rôle. « Si pour chaque pièce du cycle je peux entre autres m’imaginer quel jour on est, quelle température il fait dehors et qu’est-ce que ça sent autour de moi, je peux infuser plusieurs nuances et subtilités à mon interprétation qui viennent apporter une couleur complètement différente à la musique », explique-t-il.
Au cours des prochains mois, il sera également possible d’entendre Olivier Bergeron dans le cadre d’un autre projet auquel il a consacré beaucoup de temps dans les dernières années : l’album Nuits blanches, dont la sortie est prévue pour l’hiver 2025. Il s’agit d’un opus mettant en vedette la mélodie française, enregistré avec Olivier Godin, pianiste-collaborateur auprès duquel le baryton a longtemps travaillé. Cet album sera l’occasion pour les mélomanes de faire plusieurs découvertes, puisqu’il contient le cycle Sagesse de Reynaldo Hahn qui n’a jamais été enregistré auparavant. Olivier Bergeron se produira également en récital à la Société d’art vocal de Montréal au printemps prochain, en plus de prendre part à une production présentée au Théâtre des Champs-Élysées.
Pour plus d’informations sur le récital du 24 novembre prochain, consultez la page suivante.