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TÊTE D'AFFICHE - Andréanne Brisson-Paquin

TÊTE D'AFFICHE - Andréanne Brisson-Paquin

Photographie : Gabriel Fournier

Étant jeune, Andréanne Brisson-Paquin fréquentait une garderie dont la cour était voisine de celle de l’école primaire Le Plateau, un établissement montréalais qui offre une formation musicale de haut calibre. Accessible seulement à partir de la deuxième année, la soprano a dû débuter son cheminement primaire ailleurs. Cependant, elle savait que c’était temporaire : « Je disais à ma professeure que moi, l’année suivante, j’irais à l’école du Plateau », se remémore-t-elle en riant. C’est donc très jeune que son intérêt pour la musique s’est manifesté : elle a intégré l’école du Plateau et y a fait de la flûte à bec, du violon, ainsi que du chant, puis a complété son secondaire à l’école Joseph-François-Perreault où elle a pratiqué la flûte traversière. 

Plus tard, lors d’un séjour au Camp musical des Laurentides comme flûtiste, elle a chanté sous la direction de Jean-Marie Zeitouni qui dirigeait à l’époque le chœur du camp. De retour chez elle, la soprano l’a contacté afin de lui demander s’il pouvait lui donner des leçons de chant. « Il m’a dit que non, évidemment! Qu’il était chef d’orchestre et non chanteur » [rires]. C’est cependant lui qui l’a dirigée vers son premier professeur de chant, lui permettant donc d’entrer dans le milieu lyrique. Depuis, elle a complété un baccalauréat et une maîtrise en chant classique à l’Université de Montréal, ainsi qu’une maîtrise au Conservatoire d’Amsterdam. Ses débuts professionnels sont dus à des contrats : « Je voulais avoir la main à la pâte, et donc chanter. Chanter partout : dans des mariages, des funérailles, dans des chœurs, partout! », explique-t-elle. 

Aujourd’hui, Andréanne Brisson-Paquin est bien connue de la scène lyrique québécoise, notamment dans le milieu baroque où on peut l’entendre dans une multitude de concerts. Questionnée sur cette direction qu’a prise sa carrière, elle a précisé que c’est un peu par accident que s’est faite son entrée dans le monde baroque. « En arrivant au Conservatoire d’Amsterdam, je voulais faire de l’opéra, mais il n’y en avait pas dans mon programme. J’ai découvert que cette ville possédait une importante tradition baroque et j’ai eu la chance de former un petit ensemble (l’ensemble Odyssée, qui roule toujours aujourd’hui d’ailleurs) avec des collègues ». Elle a par la suite effectué sa maîtrise sur l’impact de la gestuelle sur le chant baroque, se dotant ainsi d’une expertise théorique en la matière.

À la fin du mois, le public québécois aura d’ailleurs la chance de l’entendre à la Salle Bourgie dans le cadre de l’an 8 de l’intégrale des cantates de Jean-Sébastien Bach. La soprano n’en est pas à sa première participation à cet énorme projet : elle a chanté dans pas moins de huit concerts de cette intégrale depuis son début en 2014. « C’est vraiment très intéressant de faire les œuvres complètes. Souvent, on joue les mêmes cantates et un projet du genre nous permet en tant qu’artiste de découvrir du répertoire. J’ai découvert des airs de Bach qui sont complètement fascinants ! ». Selon l’interprète, certaines cantates demandent un travail de solfège très important afin de maîtriser les harmonies complexes de Bach. Ce répertoire lui a donc permis d’affiner sa technique vocale, en plus de travailler son endurance : chanter l’ensemble des chœurs et la partie de soliste demande une grande rigueur.

Une autre chose que l’artiste affectionne particulièrement de ce répertoire, c’est qu’il met tout le monde sur un pied d’égalité. « Dans ces cantates, chaque interprète du groupe doit se sentir important : tout le monde a un solo quelque part et il y a un esprit de collégialité qui ressort de cette expérience partagée ». Les textes sont aussi empreints d’une forte humanité selon Brisson-Paquin, bien que leur thématique religieuse soit moins d’actualité en 2023. 

La soprano se dit comblée de pouvoir faire le métier qu’elle affectionne au Québec et de pouvoir se produire à autant d’occasions devant public. Son souhait pour le futur? Continuer d’être active et de pouvoir « prendre part à ce projet musical global » qui caractérise la culture québécoise. En plus de son concert à la Salle Bourgie à la fin du mois, elle présentera le 19 mars un récital intitulé Airs mélancoliques en compagnie du pianiste Michel-Alexandre Broekaert à la Maison de la culture Mont-Royal, mettant notamment en vedette des mélodies de Grieg, Sibelius, et Éric Champagne. « J’espère que les gens aimeront toujours le chant et les concerts. Tant qu’il y aura du public dans les salles, je serai là! ». 


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