TÊTE D’AFFICHE - Hélène Brunet
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Bien qu’elle ait débuté sa formation lyrique à l’Université de Montréal et au Conservatoire de musique de Montréal, Hélène Brunet poursuit désormais son cheminement auprès du professeur de chant new-yorkais Neil Semer grâce à une bourse de perfectionnement professionnel remise par le Conseil des Arts du Canada. La soprano, qui affectionne particulièrement le répertoire de Bach, Handel et Mozart se démarque entre autres par son talent en récital. Sur la scène baroque, elle a côtoyé plusieurs grands orchestres comme le Seattle Baroque Orchestra, le Tafelmusik Baroque Orchestra et l’Arion Baroque Orchestra. Elle a également participé à des concerts avec l’Orchestre Métropolitain de Montréal et I Musici.
En plus de se démarquer en récital, Hélène Brunet a tenu plusieurs rôles à l’opéra. Elle a notamment interprété celui d’Hymen dans une production de Persée de Lully avec la compagnie Opera Atelier à Toronto, puis en tournée à l’Opéra Royal du Château de Versailles. Elle a également monté sur scène à Tel Aviv afin d’incarner Laurette dans Le Docteur Miracle de Bizet. À Montréal, elle a tenu le rôle de Galatea dans Acis and Galatea de Handel avec Les Boréades, un ensemble musical spécialisé dans le répertoire baroque.
Cette affinité avec le répertoire baroque, Hélène Brunet explique qu’elle provient de ce que l’interprétation de cette musique lui vient naturellement, facilement, car son amour pour le baroque « coule à grands flots ». Pour la soprano, ce langage particulier – qui demeure exigeant sur le plan technique et demande une grande rigueur dans l’exécution – est addictif. « Le baroque, c’est un langage mélodique et harmonique particulier, les couleurs uniques des instruments d’époque, la vive intensité qui anime les cordes, tout cela combiné à l’incroyable passion qui nourrit les lignes vocales. Que ce soit la qualité athlétique de passages virtuoses (si gratifiants à chanter !) ou les lignes mélodiques qui planent et montent jusqu’au ciel, le baroque, c’est une écriture toujours empreinte d’une grande expressivité. » Il n’est donc pas étonnant que son tout premier album solo, Solfeggio ait été consacré à ce répertoire qu’elle affectionne tout spécialement.
Cet album lui a d’ailleurs permis de récolter le Prix Juno 2022 pour l’album classique de l’année (Grands Ensembles). C’est la première fois que ce prix est remis à une chanteuse lyrique pour un enregistrement solo. Interrogée sur la genèse de ce projet, Hélène Brunet confie que dès le début de ces études post-secondaires en musique, elle avait conçu une liste d’aria qu’elle aimerait un jour avoir le privilège d’enregistrer. Plus concrètement, le projet a été mis en branle après que la soprano ait signé un contrat avec une agence de New York. C’est à ce moment qu’elle a réalisé qu’il serait bien d’enregistrer une nouvelle démo pour rafraîchir son portfolio. Elle a donc ressorti la liste d’aria qu’elle avait mise de côté et contacter ses complices et collaborateurs de longue date, Mélisande Corriveau et Eric Milnes de l’ensemble L’Harmonie des saisons. « Après quelques demandes de bourses, hop, les choses se sont mises à accélérer... et à prendre de l’ampleur. Un appel à Johanne Goyette chez ATMA Classique, et c’était parti ! Ce disque est très personnel : j’y ai mis tout mon cœur, imprégné toute ma personnalité. Je n’arrive toujours pas à croire que ce projet est passé d’une démo… aux Junos ! »
Cette récompense est la cerise sur le gâteau : « Mes collègues Mélisande Corriveau et Eric Milnes de L’Harmonie des saisons et moi sommes encore sous le choc de ce si grand honneur ! Une simple nomination aux côtés de tous ces artistes que j’admire profondément aussi nominés dans cette catégorie était entièrement suffisante pour se sentir gagnants. Franchement, ma réaction était aussi forte d’apprendre que nous étions nominés que de recevoir la nouvelle que l’album récoltait le Juno ! » Le seul regret est de n’avoir pas pu assister en personne à la remise du prix ; le soir de la remise, Hélène Brunet était à Calgary pour chanter le Requiem de Mozart. Elle aurait cependant bien aimé être sur place à Toronto pour recevoir cette récompense dans la ville où le projet avec commencé. Il n’en demeure pas moins que gagner ce prix pour ce projet qui lui tenait à cœur est extrêmement gratifiant : « lorsque nous sommes en plein cœur d’un projet comme celui-ci, on y met passion, vérité, émotion, vulnérabilité, sans penser à récolter une accolade. C’est un privilège d’avoir pu enregistrer cet album auprès de la merveilleuse équipe ATMA Classique qui brille à l’international. Une plateforme de rêve pour une artiste ! Qui sait si ce Juno aura un impact sur ma carrière… l’important c’est que j’en suis profondément fière, et j’en sors grandie en tant que musicienne. »
C’est d’ailleurs la deuxième fois que L’Harmonie des saisons remporte un Prix Juno pour un album sur lequel chante la soprano. En 2015, c’est Las Ciudades de Oro(ATMA classique) qui leur avait permis de remporter les honneurs. Hélène Brunet se dit impressionnée par le sens artistique, le génie musical et l’expressivité de Mélisande Corriveau et Eric Milnes. Cette fructueuse collaboration musicale ne sera donc probablement pas la dernière.
La soprano affirme par ailleurs travailler à un nouvel enregistrement avec une autre complice de longue date, la pianiste Valerie Dueck, toujours sous étiquette ATMA classique. Le répertoire sera toutefois bien différent :« après un album composé de mes airs baroques préférés, le projet suivant se devait être une sélection de mes lieder préférés. Je crois qu’après le baroque, c’est le répertoire pour lequel je ressens une plus grande affinité. Au programme on pourra retrouver des œuvres de Grieg, Schoenberg, Previn, Fauré, Leguerney et Paladilhe. »
Quant à la prochaine saison, Hélène Brunet affirme qu’elle gravitera presque entièrement autour de Bach. Bien évidemment, il s’agit là d’un heureux hasard qui lui permettra de se produire dans ce répertoire qu’elle chérit. On pourra ainsi l’entendre dans le Magnificat de Bach auprès du chef Masaaki Suzuki au Festival Bach Montréal, dans des cantates au Early Music Vancouver, à San Francisco avec les American Bach Soloists, à Halifax avec le Symphony Nova Scotia, puis avec l’ensemble Caprice à la salle Bourgie. Elle prêtera également sa voix à un concert du Messie de Haendel à l’Oratoire Saint-Joseph avec l’Orchestre Classique de Montréal, puis à l’oratorio LesSaisons de Haydn avec le Louisiana Philharmonic en Nouvelle-Orléans.