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Photographie : Pierre-Étienne Bergeron

La mezzo-soprano Stéphanie Pothier est une véritable entrepreneure lyrique. Dans le cadre du Projet ClairObsur dont est l’idéatrice, elle a d'abord présenté sur le thème « Arborescence » un récital multimédia pour voix, violoncelle et piano qu’elle a donné en 2019. Elle prépare depuis lors un nouveau spectacle qui est aussi au croisement des disciplines artistiques que sont la photographie, la littérature et les arts visuels. Comme pour Arborescence, l'évènement Camille Claudel : dans l’ombre du géant résultera d'une collaboration avec le concepteur vidéo Julien-Robert et fera appel au Quatuor Molinari.

Notre Tête d’affiche a parlé à L’Opéra de ce projet qui a été conçu dans le cadre d'une résidence de création à la Maison de la culture Marie-Uguay et du Centre culturel Notre-Dame-de-Grâce. Il devait y être présenté le 15 mars 2020 et être offert également le 31 mars suivant à la Salle Bourgie. Mais l'arrivée de la pandémie l'a privé du plaisir de faire découvrir ce spectacle et de se retrouver sur scène avec ses collègues du Quatuor Molinari. Un report avait été prévu pour le 17 novembre 2020, mais la deuxième vague en a eu raison, comme cela a aussi été le cas pour le report du report du 31 mars ! Elle se croise les doigts pour que la troisième vague en cours ne l'empêche pas de présenter ce spectacle devant public à la Salle Bourgie les 27 et 28 avril 2021, comme cela est maintenant prévu.

Dans la préparation de ce nouveau projet et d'une démarche artistique qui vise à dépasser la position d’interprète de l’œuvre d’un autre créateur et à s’intégrer dans un parcours dans lequel les différentes disciplines artistiques s’entrecroisent, Stéphanie Pothier s’est d'ailleurs rendue au Musée Rodin de Paris pour photographier les sculptures de Claudel ayant inspiré l’écriture des textes des mélodies de Claude Debussy, Jake Heggie et Germaine Tailleferre qui seront interprétées lors du concert. En collaboration avec la photographe qu'est donc aussi Stéphanie Pothier, Julien-Robert a conçu des animations vidéo qui seront projetées sur huit écrans qui forment la scénographie au centre de laquelle le Quatuor Molinari et la mezzo-soprano interprèteront les pièces au programme. En croisant les disciplines artistiques, cette proposition multimédia souhaite attirer l’attention sur l’œuvre de Camille Claudel et de ses contemporaines, trop longtemps restées dans l’ombre des géants masculins de l'époque.

Stéphanie Pothier et le Quatuor Molinari
Camille Claudel... dans l'ombre du géant
Projet Clair Obscur, 2021

Comme le rappelle Stéphanie Pothier dans les notes de programme qu'elle a rédigées pour le concert et qu'elle a bien voulu partager avec L'Opéra,  Camille Claudel fut une « [a]rtiste d’un talent exceptionnel et d’une grande ambition [et]  sera d’abord l’assistante du sculpteur Auguste Rodin, puis un de ses modèles, sa muse et son amante pendant une décennie. Le caractère volage de Rodin, son refus de quitter sa compagne Rose Beuret pour marier Camille ainsi que l’ambition et la soif d’indépendance artistique de la sculptrice finirent par avoir raison de la relation amoureuse des deux artistes. Cependant, cette relation douce-amère obséda Camille jusqu’à la fin de ses jours, influençant tant ses œuvres que ses délires psychotiques, convaincue que '' la bande à Rodin '' travaillait à nuire à ses ambitions professionnelles ». 

Cette relation a d'ailleurs été fort bien illustrée au cinéma, comme l'admet Stéphanie Pothier, dans le  film de 1995 du réalisateur Bruno Nuyten où Camille Claudel était personnifiée Isabelle Adjani et dans celui de Bruno Dumont de 2013 où le personnage de la sculptrice était incarné par Juliette Binoche. 

Si le cycle de mélodies Camille Claudel : Into The Fire du compositeur américain Jake Heggie, inspiré de six sculptures majeures de Claudel, en les reliant à des épisodes biographiques ou éléments de sa psyché constitue la pièce centrale du concert et que Les Trois chansons de Bilitis de Claude Debussy occupent, du fait de la représentation fantasmée de la femme libre qu’elles illustrent, une place particulière dans ce programme, Stéphanie Pothier sera particulièrement fière de faire découvrir le Quatuor à cordes de compositrice française Germaine Tailleferre. Comme elle l'écrit dans ses notes de programme, cette « contemporaine de Camille Claudel » et l' « unique membre féminine du Groupe des Six, qui comptait entre autres Francis Poulenc et Darius Milhaud », son chemin de musicienne a été semé d'embûches par  les « hommes de sa vie » (son père et ses deux époux). Mais elle persévérera et laissera un corpus d’œuvres nombreuses, variées et d’une grande qualité, un nouvel intérêt se manifeste depuis quelques années pour son travail. Pour accompagner le Quatuor à cordes, des œuvres de peintres féminines ayant œuvré à Paris à la même époque que Claudel et Tailleferre, seront projetées.

Germaine Tailleferre

Pour un avant-goût du concert, vous pouvez visionner la capsule à l'adresse https://vimeo.com/503091997.

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Stéphanie Pothier est de toute évidence une femme de combat et de convictions. Son plus récent combat en aura été une contre la maladie de la COVID-19 car elle a eu la malchance de contracter le virus. Heureusement, sa voix est intacte et elle s'est imposée un reconditionnement vocal qui a duré plusieurs  mois, l'artiste ayant fait appel aux techniques apprises de sa professeure de chant Gabrielle Lavigne. S'agissant de convictions, Stéphanie Pothier a été l'instigatrice d'une pétition réclamant aux gouvernements de « compenser de façon urgente la perte de revenus occasionnée par les annulations d'évènements culturels en raison du COVID-19 ». Cette pétition a récolté à ce jour 28 845 signatures et elle demeure toujours d'actualité 

Des projets de créations collaboratives entre compositeurs, auteurs, créateurs de contenus visuels et interprètes pour décloisonner les disciplines et de réaliser des œuvres de concerts uniques, Stéphanie Pothier en aura bien d'autres. Et on anticipe le plaisir d'y assister et d'apprécier le talent d'une artiste éminemment... innovatrice !

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Concert présenté devant public les 27 est 28 avril 2021 à la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal (réservation en ligne sur www.lepointdevente.com ) et en webdiffusion du 12 au 26 mai 2021

Programme

DEBUSSY Trois Chansons de Bilitis (trans. Jake Heggie)
Germaine TAILLEFERRE Quatuor à cordes 
Jake HEGGIE Camille Claudel: Into the Fire 

Stéphanie Pothier, mezzo-soprano

Quatuor Molinari
Olga Ranzenhofer, violon
Antoine Bareil, violon
Frédéric Lambert, alto
Pierre-Alain Bouvrette, violoncelle

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