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RÉTROSPECTIVE - LE METROPOLITAN OPERA DE NEW YORK

RÉTROSPECTIVE - LE METROPOLITAN OPERA DE NEW YORK

La ville de New York brille par son effervescence, mais également par sa multitude de joyaux culturels ; aux quatre coins de l’île, un événement artistique n’attend pas l’autre. Parmi nombre de ses lieux cultes trône dans l’Upper West Side de Manhattan le Metropolitan Opera (Met), épicentre nord-américain de la musique classique. Bien que son histoire récente ne puisse rivaliser avec celle de théâtres européens, comme le Teatro alla Scala datant de 1778 ou le Palais Garnier construit en 1861, le Met possède un vécu plus long que l’on ne pourrait le croire et la présence d’artistes québécois remonte à plus d’un siècle.

Conçue par l’architecte américain Josiah Cleaveland Cady, la première enceinte du Met est inaugurée le 22 octobre 1883 sur la rue Broadway dans Midtown. Le nouveau théâtre est inauguré avec Faust de Gounod, dont la distribution réunissait la soprano Christine Nilsson, la contralto Sofia Scalchi et le ténor Italo Campanini. À la suite d’un incendie en 1892, la maison d’opéra est restaurée et demeure occupée jusqu’en 1966, date à laquelle la compagnie lyrique emménage à son adresse actuelle : le Lincoln Center for the Performing Arts. Construit dans les années 1950, le complexe s’inscrivait au coeur d’un projet urbanistique visant à rassembler plusieurs institutions culturelles majeures au même endroit. Le bâtiment du Met a été dessiné par l’architecte américain Wallace Harrison, artiste de renom ayant contribué aux plans du Rockefeller Center et dont l’une des principales réalisations est le siège de l’Organisation des Nations unies. La nouvelle salle est inaugurée le 16 septembre 1966 avec la création mondiale de l’opéra Antony and Cleopatra du compositeur américain Samuel Barber.

Alors que la liste de grands noms lyriques qui se sont produits sur la scène new-yorkaise est colossale, plusieurs Québécois et Québécoises peuvent également se targuer d’avoir réussi cet exploit. Tout d’abord, mentionnons la participation de la soprano Emma (Lajeunesse) Albani à de nombreuses productions de la fin du xixe siècle, dont La Traviata de Verdi, Les Huguenots de Meyerbeer et Die Meistersinger von Nürnberg de Wagner. Ce sera ensuite le pianiste et chef d’orchestre Wilfrid Pelletier qui remplira de nombreux engagements à l’institution new-yorkaise ; reconnu pour son aisance dans le répertoire français, il occupera le poste de chef assistant dès 1922 et s’affirmera comme chef régulier de 1929 à 1950. La colorature Colette Boky y réalisera ses débuts en tant que Reine de la nuit dans La Flûte enchantée de Mozart en 1967, et y chantera plus de trente rôles pendant onze saisons. Le baryton Louis Quilico se produira à de multiples reprises au Met, ayant effectué ses débuts en 1972 en tant que remplaçant pour le rôle de Golaud dans Pelléas et Mélisande de Debussy. Il s’y produira pendant 25 saisons consécutives et chantera dans plus de 300 productions, demeurant notable pour ses interprétations de Rigoletto. Sa prestation aux côtés de son fils Gino Quilico dans Manon de Massenet en 1987 écrira l’histoire comme premier tandem père-fils à partager la scène du Met. En 1984, c’est la basse Joseph Rouleau qui foulera pour une première fois les planches du Met, incarnant le Grand Inquisiteur dans Don Carlo de Verdi sous la direction de James Levine. Deux ans plus tard, il sera récipiendaire de la médaille du centième anniversaire du Metropolitan Opera de New York.

Au cours de la dernière décennie, la délégation québécoise au Met se fait toujours plus variée et étendue. La communauté lyrique new-yorkaise a pu découvrir – et continue d’apprécier – les talents d’ici à travers des productions réunissant de nombreux artistes, tels que Julie Boulianne, Michèle Losier, Marie-Nicole Lemieux, Frédéric Antoun, Jean-François Lapointe et Étienne Dupuis. Cela sans oublier les productions wagnériennes imaginées par nos metteurs en scène nationaux, que ce soit le cycle Der Ring des Nibelungen de Robert Lepage présenté de 2010 à 2012, et qui a retrouvé la scène au printemps 2019, ou Parsifal de François Girard tant acclamé en 2013 et repris en 2018. Enfin, mentionnons les succès fulgurants de Yannick Nézet-Séguin, qui a réalisé ses débuts à la compagnie en 2009 dans une nouvelle production de Carmen de Bizet. Tant apprécié par les mélomanes et les musiciens, le chef a rapidement gagné le coeur de la maison d’opéra, ce qui a culminé jusqu’à sa nomination en 2018 comme directeur musical du Met.

Il est à se réjouir d’une présence aussi accrue d’artistes québécois à New York, qui se poursuivra par ailleurs en 2020 : Yannick Nézet‑Séguin dirigera Wozzeck de Berg à l’hiver et Werther de Massenet au printemps, production dans laquelle Étienne Dupuis incarnera Albert. La saison marquera également l’escale du Vaisseau fantôme de François Girard à New York, une production à voir pour ceux qui ont « manqué le bateau » cet été !


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