PORTRAIT - ODÉI BILODEAU BERGERON : DE BACH À MOZART
Odéi Bilodeau Bergeron est une soprano originaire du Bas-Saint-Laurent. Formée au Conservatoire de musique de Montréal, elle est très active dans le milieu de la musique baroque de la métropole. Lauréate des Jeunes Ambassadeurs Lyriques en 2017, elle participe depuis aux tournées des Jeunesses Musicales Canada dans les productions mozartiennes de Don Giovanni et Le Nozze di Figaro. Rencontre avec une jeune chanteuse versatile.
À quel moment la musique est-elle entrée dans votre vie ?
Mes parents étant très mélomanes, j’ai été, dès l’enfance, exposée à toutes sortes de musiques. Comme je suis originaire de Sainte-Louise-des-Aulnaies dans le Bas-Saint-Laurent, les occasions d’assister à des concerts étaient rares, mais nous n’en manquions pas une ! Par la suite, j’ai pris quelques leçons de piano et c’est finalement lorsque j’ai travaillé à l’école de musique de Sainte-Anne-de-la-Pocatière que tout a commencé. En échange de mon travail, on m’avait offert des cours ; mon choix s’était d’abord porté sur le piano, mais comme aucun professeur n’était disponible, je me suis tournée vers le chant et j’ai eu la piqûre ! J’avais environ 14 ou 15 ans et cette année-là, j’ai intégré le chœur de Kamouraska dont ma mère faisait partie. J’étais la plus jeune choriste, et cette expérience a confirmé ma passion pour le chant.
Quels sont les professeurs qui ont été marquants dans votre parcours ?
Je me considère très chanceuse d’avoir pu travailler avec Gabrielle Lavigne, qui est une professeure d’exception. Elle enseignait la technique vocale de façon très rigoureuse et efficace; avec du recul, je l’apprécie toujours plus et je suis très honorée d’avoir pu bénéficier de son expertise. J’ai également étudié avec Aline Kutan au Conservatoire de musique de Montréal, qui est d’une grande compétence, et que j’admire énormément. Actuellement, je me perfectionne auprès d’Ariane Girard, qui m’aide beaucoup à travailler la technique. C’est d’ailleurs avec elle que j’ai entrepris une transition vers le répertoire lyrique.
Justement, parlez-nous de cette transition qui vous amène à passer du répertoire baroque à l’opéra ?
Plus jeune, mes professeurs m’avaient indiqué que le répertoire baroque m’allait bien, j’ai donc évolué avec cette idée en tête. Aline Kutan m’a montré que ma voix était beaucoup plus ample que ce que j’avais cru, et que j’avais la capacité vocale pour interpréter des grands rôles lyriques. Ariane Girard a également confirmé cette réalité et m’a donné les outils pour y arriver. C’est simplement une question de technique : le style baroque requiert une maîtrise du vibrato et des nuances, il faut également s’adapter aux ensembles réduits et aux instruments anciens, de façon à bien interpréter le répertoire, français, italien ou allemand dans leurs singularités propres. Maintenant, je dois apprendre à déployer ma voix pour exploiter son plein potentiel !
Vous avez tout de même de belles réalisations dans le répertoire baroque. De quoi êtes-vous le plus fière ?
Sans aucun doute, je dirais le Concours international Bruce Haynes organisé par le Festival Montréal baroque, en collaboration avec Atma Classique et la série de concerts CBC / McGill. Ayant remporté l’édition de 2014, j’ai ensuite pu me produire en Allemagne au Festival Tage Alter Musik et enregistrer un disque consacré aux cantates de Bach. Sorti en 2017 sous étiquette Atma Classique, il a par ailleurs été nominé pour un Prix Opus en 2018. Il s’agissait de mon premier contrat professionnel et il aura servi de catalyseur pour ma carrière. Par la suite, les engagements se sont multipliés et j’ai ainsi chanté comme soliste avec l’Ensemble Caprice, Les Idées heureuses, le Studio de musique ancienne de Montréal et Clavecin en concert.
Dernièrement, vous avez chanté deux rôles lyriques avec les Jeunesses Musicales Canada. Quels sont-ils et que retenez-vous de ces expériences ?
Pour la saison 2017-2018, j’ai incarné Donna Elvira dans Don Giovanni de Mozart et cette année, je tiens le rôle de la Comtesse Almaviva dans Le Nozze di Figaro, une production qui a été présentée au Festival d’opéra de Québec et qui sera en tournée au Québec à l’automne et au printemps. J’aime beaucoup ce dernier rôle, qui est confortable, facile à chanter, et confirme ma capacité à remplir les exigences du répertoire lyrique.
En terminant, avez-vous un modèle vocal ?
Au Québec, nous avons la chance d’avoir d’excellents chanteurs et j’admire particulièrement le travail d’Aline Kutan qui m’a émue aux larmes. Sinon, j’aime beaucoup écouter de vieux enregistrements, comme ceux de Maria Callas, Anna Moffo ou Teresa Stratas pour n’en nommer que quelques-uns.
Et pour l’avenir, quel opéra rêvez-vous de chanter ?
Je réponds sans hésiter La Traviata de Verdi, car le rôle de Violetta est très touchant, même bouleversant ! Musicalement, il s’agit d’une œuvre magnifique, qui représente un gros défi pour moi, mais que j’aimerais avoir l’occasion de relever un jour.