PORTRAIT- Jean-Philippe McLish- Un jeune chanteur passionné

Jean-Philippe McClish a débuté ses études musicales au Conservatoire de musique de Québec. Il détient une maîtrise de l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Il a interprété plusieurs rôles dont ceux de Don Alfonso dans Così fan tutte, Raimondo dans Lucia di Lammermoor, Il Re dans Ariodante et Készakállú dans Le Château de Barbe-Bleue. Au sein de l’Atelier lyrique, il a prêté sa voix au capitaine dans Eugène Onéguine, au deuxième prisonnier dans Fidelio et il incarnera l’homme armé dans La Flûte enchantée en mai 2020. Rencontre avec un jeune chanteur passionné !
Qu’est-ce qui vous a mené à faire carrière en chant classique ?
J’ai commencé à chanter pour attirer l’attention d’une fille. Comme elle prenait des cours de chant, j’ai décidé de m’y mettre aussi en espérant me rapprocher d’elle ; je chantais surtout des chansons de Leonard Cohen. Finalement ça n’a pas fonctionné avec cette fille, mais entre-temps, j’avais eu la piqûre pour le chant ! Ma professeure m’a ensuite fait remarqué que j’avais une voix qui se prêterait bien au chant lyrique ; elle m’a donc encouragé à entrer au Conservatoire de musique de Québec où j’ai complété mes études collégiales et un baccalauréat.
Quelles ont été les rencontres marquantes dans votre parcours ?
Au Conservatoire, j’ai eu la chance de travailler avec Jacqueline Cistellini et avec le pianiste Martin Dubé qui est un excellent instructeur vocal. Avec lui, j’ai participé à de nombreux stages d’été au États-Unis d'Amérique auprès de Spiro et Marlena Malas, des stages qui ont été particulièrement formateurs. Par la suite, j’ai complété une maîtrise et un diplôme d’artiste à l’Université McGill. Là-bas, j’ai fait la rencontre de Dominique Labelle avec laquelle je travaille encore et le pianiste Michael McMahon. À McGill, j’ai trouvé bien plus qu’une équipe de professeurs, je dirais que c’est davantage une deuxième famille, mais pour le chant !

Jean-Philippe McClish
Prix vocal Wirth, 2017
Parlez-nous de votre expérience au sein de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Qu’est-ce que cette étape vous a apporté jusqu’à présent ?
L’ambiance familiale que j’avais trouvé à McGill s’applique tout autant à l’Atelier lyrique, qui est un peu comme le club-école des ligues majeures du chant lyrique ! Je retire beaucoup de cette expérience qui me donne une formation vraiment très complète qui intègre tous les aspects du métier de chanteur. Par exemple, on travaille avec un neuropsychologue pour approfondir l’interprétation, mais aussi pour apprendre à gérer le stress. Ça me donne aussi la chance de voir comment les interprètes lyriques d'expérience travaillent en plus de me permettre d’établir un réseau de contacts qui sera des plus utile pour la suite de ma carrière.
Quel est le rôle que vous aimeriez avoir la chance d’incarner un jour ? Y a-t-il un répertoire que vous préférez ?
Aussi étrange que cela puisse paraître, l’opéra que je préfère, c’est l’Orfeo de Monteverdi ! Cela dit, ma voix n’est pas très appropriée pour cette œuvre. Au-delà de l’Orfeo, j’ai une préférence pour le répertoire baroque et classique de Haendel et Mozart. En ce qui concerne les rôles, j’avoue que j’aime beaucoup incarner les vilains, ce qui est souvent le cas des barytons-basses chez Haendel. Je trouve que ce sont des personnages vraiment intéressants pour lesquels on peut imaginer tout un bagage psychologique qui sous-tend leurs motivations. Ce sont aussi des figures qui sont plus près de la réalité, de ce que nous sommes comme êtres humains.
Quels sont les artistes qui vous inspirent ?
Il n’y a aucun artiste en particulier, mes préférences varient selon l’œuvre. J’accorde une plus grande importance à l’interprétation artistique qu’à la technique lorsque j’écoute une performance. De cette façon, je peux apprécier autant le travail d’un interprète débutant qui n’a peut-être pas une technique parfaite, mais qui a une intelligence musicale qui me touche, que le travail d’un chanteur aguerri. Si toutefois je devais nommer un chanteur, je dirais Gerald Finley, avec qui j’ai eu la chance de travailler, pour sa personnalité qui me plaît bien.
Que souhaitez-vous pour l’avenir ?
On ne sait jamais ce que la vie nous réserve ; je n’ai donc pas de plan clairement établi ! Avant d’entrer à l’Atelier lyrique, je voulais partir en Europe pour faire des auditions. C’est sans doute ce que je ferai parce que c’est un rêve qui m’habite encore, mais je me lancerai dans cette aventure avec un bagage beaucoup riche grâce à l’Atelier. Ce sera donc l’occasion de mettre à profit les contacts développés au fil des rencontres faites lors des productions de l’Opéra de Montréal pour investir le marché européen qui est plus gros qu’ici. Si j’avais un conseil à donner aux chanteurs qui débutent dans ce métier, ce serait de faire confiance à son équipe, qu’il s’agisse des professeurs, des instructeurs vocaux, bref, de tous les gens qui sont présents pour nous guider. Et prendre le temps de planifier, en gardant en tête qu’il faut rester ouvert. Au fond, je ferai carrière où l'on m’engagera. Ce qui compte en définitive, c’est de faire ce que l'on aime !

Jean-Philippe Mcclish (Docteur Falke) et Patrick Mcgill (Gabriel von Eisenstein)
Die Fledermaus de Johann Strauss II
Opéra McGill, 2017
Photographie :Tam Lan Truong