PORTRAIT : Vanda Treiser, mècène
Femme d’affaires évoluant, comme son regretté mari Benjamin Treiser, dans le milieu de la joaillerie et de l’art diamantaire, Vanda di Cesare Treiser est aujourd’hui l’une des grandes mécènes de la communauté lyrique montréalaise. Si ses activités de mécénat se font aussi au soutien d’établissements de santé comme l’Hôpital général juif de Montréal et ont été à l’origine de la création de la Maison Shalom qui se veut un foyer de groupe pour les enfants, jeunes et adultes d’âge mur présentant un handicap intellectuel ou physique, offrant aussi un programme de répit pour les aidants, sa générosité s’est récemment traduite par un don substantiel à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Sans parler du fait qu’elle a un jour dansé et s’est mise au piano pour venir au soutien de l’atelier ! Rencontre avec Vandra Treiser, mécène.
Comment est né votre amour de l’opéra ?
Comme tant d’autres et étant d’origine italienne, l’opéra est une affaire de famille ! C’est mon père qui m’a initiée à l’art lyrique, il écoutait beaucoup d’opéras et cette forme d’expression musicale était ainsi présente dans ma jeunesse. J’ai également appris le piano, la danse et le chant, mais la voix demeure aujourd’hui l’instrument qui me fascine le plus. Et avec le temps, c’est l’opéra qui est devenu la forme d’art que je préfère et dont je suis maintenant plus que passionnée.
Quel est votre opéra préféré ?
Le riche répertoire lyrique qui traverse les quatre derniers siècles comprend beaucoup d’œuvres que j’aime. Ayant la chance de maîtriser plusieurs langues, il m’est possible d’apprécier les opéras dans toute leur diversité linguistique, y compris une œuvre tchèque comme Rusalka de Dvořák, qui compte parmi mes préférées et dont j’aime d’ailleurs chanter le « Chant à la Lune ».
Quelle a été votre premier geste comme « mécène lyrique » ?
L’occasion d’entendre chanter des résidents et résidentes de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal lors d’événements-bénéfice m’a amenée à proposer à sa directrice Chantal Lambert, pour laquelle j’ai la plus grande estime, de soutenir les artistes de l’atelier. Des bourses ont ainsi été créées pour permettre à ces jeunes de participer, entre autres, à des concours et à des auditions. À ce premier geste, il faudrait peut-être aussi ajouter que je me suis bien amusé à danser et à jouer du piano lors d’événements bénéfices au profit de l’Atelier. On m’a d’ailleurs dit que cela avait été pérennisé sur Youtube !
N’avez-vous pas également soutenu le programme d’échanges entre l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal et l’Ensemble Studio de la Canadian Opera Company ?
En effet, j’ai tenu à encourager l’heureuse initiative des deux programmes de formation lyrique plus importants au pays en prenant en charge les coûts des séjours des résidents et résidentes de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal à Toronto. Ce programme a par ailleurs permis l’organisation de « Concerts collaboration », qui me permettent d’apprécier les talents des jeunes artistes des métropoles du Canada et du Québec.
Vous avez récemment fait un généreux don de 1 000 000 $ à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Pourquoi cette grande générosité et à quoi est destinée cette somme ?
Constatant la qualité de la formation offerte par l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, j’ai voulu soutenir l’atelier lui-même et donner un coup de pouce à Chantal Lambert et son équipe dans la mise en œuvre de la mission de l’institution. L’idée nous est donc venue d’appuyer les auditions nationales, qui conduisent au recrutement des nouveaux résidents et des nouvelles résidentes. L’étape finale de ce recrutement se déroule depuis deux ans sous la forme d’un gala « Talent », et c’est d’ailleurs à sa première édition en 2018 que le versement de ce don a été souligné. Cette somme peut également venir en aide aux productions de l’atelier qui s’inscrivent dans la programmation de l’Opéra de Montréal, comme ce fut le cas pour Svadba en 2018 et Twenty-Seven en 2019.
S’agissant de l’avenir, que souhaitez-vous voir se produire dans le monde de l’opéra ?
J’aspire à ce qu’il y ait d’autres mécènes qui acceptent de devenir, comme moi, de grands et grandes partenaires de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, de façon à ce qu’un plus grand nombre de jeunes artistes lyriques puissent y effectuer une résidence. La formation y est d’une telle qualité, comme en font foi les carrières internationales que mènent plusieurs anciens résidents et anciennes résidentes, qu’il faudrait qu’un nombre plus significatif de jeunes puissent accéder à l’atelier. Ce que je vois et j’entends me donne beaucoup d’espoir, je voudrais que les espoirs de jeunes artistes d’ici soient également nourris par des gens qui, comme moi, concluent qu’il faut investir dans les futures générations… lyriques !