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PROFIL - COMPAGNIE BAROQUE MONT-ROYAL

PROFIL - COMPAGNIE BAROQUE MONT-ROYAL

Fondée en 2011 par David Menzies et Susan Toman alors qu’ils étaient étudiants à l’École de musique Schulich de l’Université McGill, la Compagnie baroque Mont-Royal s’est donnée pour mission de présenter chaque année un opéra baroque au public montréalais.

Reprenant une formule popularisée à Toronto par d’autres petites compagnies lyriques, David Menzies et son équipe adaptent les oeuvres choisies pour en proposer une version réduite, sans choeur, et dont l’accompagnement est assuré par un piano ou un orchestre de chambre. Les récitatifs sont également remplacés par des passages narrés, ce qui permet au public de mieux comprendre le déroulement de l’action puisqu’il n’y a aucun sous-titre. En misant sur une économie de moyens, la compagnie compte mettre l’accent sur la musique elle-même plutôt que sur l’emballage que représentent les décors et les costumes. Ce format a l’avantage de permettre la représentation d’oeuvres dans des salles de petites dimensions, tout en créant une atmosphère plus intimiste.

Ayant également à coeur le travail avec les artistes émergents, David Menzies affirme concevoir la compagnie comme un atelier ou un laboratoire pour des jeunes chanteurs qui commencent à s’établir dans le monde lyrique. Pour une compagnie forgée par des étudiants, conserver cette dimension formative était toute indiquée. En participant à ces productions, les artistes ont l’occasion de mettre en application leur s apprent is sages à l’extér ieur des universités ou des conservatoires, tout en ayant un contact privilégié avec des instruments anciens, tels que le clavecin ou la viole de gambe. David Menzies est également d’avis que la sonorité particulière de ces instruments permet de mieux comprendre l’expressivité de la musique baroque et de guider l’interprétation des chanteurs. S’inscrivant en continuité avec cette visée formative, l’équipe envisage, en outre, d’enrichir la préparation de ses productions avec des classes de maîtres offertes par des spécialistes de la musique baroque.

Le répertoire de prédilection de la compagnie se concentre principalement autour de l’opéra baroque français. David Menzies avoue d’ailleurs : « Castor et Pollux de Rameau a été une véritable révélation, cette musique m’a bouleversé comme aucune autre ne l’avait fait auparavant ». Elle a ainsi présenté Pygmalion de Rameau lors de sa toute première saison en 2011 et puisera à nouveau dans le répertoire du compositeur français pour proposer La Guirlande en mai prochain. Marc-Antoine Charpentier remporte également les faveurs, puisque deux de ses opéras, Actéon et David et Jonathas, ont été produits respectivement en 2015 et 2017. Bien que les mises en scène demeurent le plus souvent minimalistes, l’équipe a tout de même pu compter sur la présence de danseurs pour Pygmalion – expérience qui se renouvellera d’ailleurs pour La Guirlande, alors qu’une danseuse burlesque incarnera une nymphe.

Ce penchant pour le réper toire français n’empêche toutefois pas la direction artistique de faire quelques incursions vers de nouvelles avenues. Selon David Menzies : « la période baroque est d’une richesse incroyable, il y a toujours des (re)découvertes à faire ». C’est même avec une pointe de fierté qu’il souligne que la compagnie a donné Semele et Hercule de Haendel, deux opéras baroques t rès rarement présentés à Montréal. Depuis 2015, la Compagnie baroque Mont-Royal a également élargi son répertoire en ajoutant une oeuvre classique à sa programmation annuelle. Les opéras de Mozart figurent au palmarès, avec La Flûte enchantée, Les Noces de Figaro, L’Enlèvement au Sérail, ainsi que La Clémence de Titus, dont une représentation est prévue le 16 mars 2019 au Conservatoire de musique de Montréal. Ces incursions dans le répertoire classique ont permis d’attirer des auditeurs pouvant se montrer réticents envers la musique baroque, mais plus enclins à venir voir un opéra de Mozart. Or, séduit par la formule courte et intime, ce nouveau public n’a pas hésité à déclarer fidélité en assistant aux autres productions de la troupe.

En marge des opéras, la Compagnie baroque Mont-Royal complète sa programmation par des événements consacrés à la musique de chambre alliant des oeuvres vocales et instrumentales. Ces concerts, excédant rarement la durée d’une heure et demie, sont conçus pour mettre en valeur le répertoire d’un compositeur dont une oeuvre lyrique est présentée au cours de la même saison. C’est d’ailleurs le cas avec Volez, amours et plaisirs, qui, présenté en octobre dernier, réunissait des oeuvres de Rameau, créant ainsi une continuité avec la présentation de La Guirlande, production qui clôturera la saison en mai 2019.

Quant à l’avenir, David Menzies se montre enthousiaste. Le dixième anniversaire de la Compagnie baroque Mont-Royal sera célébré l’année prochaine, un moment charnière que toute l’équipe entend souligner en grand. Rien n’est encore décidé, mais les projets évoqués s’annoncent emballants. À suivre !


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