Articles

PORTRAIT: MAGALI SIMARD-GALDÈS

PORTRAIT: MAGALI SIMARD-GALDÈS

Magali Simard-Galdès
(@Larissa Lognay)

Elle adore les dumplings ; de tous les animaux, c’est le singe qu’elle préfère imiter, et elle a fait sa première apparition sur la scène opératique dans un prestigieux festival. Découvrez avec moi la soprano Magali Simard-Galdès. 

Magali, c’est la première fois qu’on me donne rendez-vous dans un restaurant de dumplings (sorte de raviolis chinois) pour faire une entrevue. Grand merci, j’aime beaucoup ! Qu’est-ce qui vous a donné cette idée ?

Avant de fixer le rendez-vous, j’ai regardé les autres portraits dans les numéros précédents de votre revue, tous réalisés dans des parcs ou des petits cafés. Je me suis dit que c’était très joli, mais que moi, j’adore les dumplings ! Alors, pourquoi pas ? En réalité, j’aime manger tout court. Et ceux qui me connaissent vont inévitablement trouver cela très drôle.

 

Commençons par le début : quel fut votre premier contact avec la musique ?

J’ai commencé tout bonnement à jouer du violon à 4 ans. Je vivais à Rimouski. C’était avec les sœurs du Saint-Rosaire. J’aimais déjà beaucoup la musique. Je faisais aussi de la gymnastique, mais j’aimais surtout bouger sur la musique !

 

La musique était donc quelque chose d’important dans votre famille ?

Oui. Ma mère a été lauréate de l’école de musique Vincent-d’Indy, et mon père appréciait beaucoup la musique.

 

Et quel fut le déclic qui a orienté votre choix définitif de carrière ?

J’adore raconter cette histoire ! Je faisais de la figuration à l’opéra-théâtre de Rimouski. Je me rappelle que la soprano Éthel Guéret était venue chanter. J’ai été complètement fascinée par sa voix. Par la suite, ma mère m’a acheté un album de Kathleen Battle (Grace) et je l’ai écouté dès lors en boucle ! Je suis allée voir mon professeur de chorale à l’école secondaire pour lui demander de me donner des cours, ce qu’il a fait (cinq ou six fois seulement). Peu après, Éthel Guéret est venue s’installer à Rimouski ! J’ai tout de suite suivi des cours avec elle.à

 

Et ensuite, il y a eu le conservatoire, si je ne m’abuse ?

Oui. J’ai étudié avec la soprano colorature Aline Kutan. Elle m’a enseigné le plaisir de chanter, ce qui est immensément précieux.

 

Comment enseigne-t-on le plaisir ?

Dans le cas d’Aline, elle m’a fait imiter des cris d’animaux. C’est un exercice surprenant d’efficacité ! Ça relaxe tous les muscles, et par le fait même, l’esprit.

 

Et votre animal préféré à imiter ?

Le singe ! Ses cris ressemblent à des vocalises ! En fait, tous les animaux sont techniquement impeccables en termes de positionnement du diaphragme et de respiration quand vient le temps de crier. Ils ne font jamais rien d’inutile, ils sont toujours parfaitement équilibrés pour produire le son approprié à la situation.

 

Votre première présence sur scène fut au Festival de Wexford, en Irlande. Comment s’est déroulée l’expérience ?

Remarquablement bien ! Il faut dire que j’étais presque en famille ! Imaginez, il y avait en même temps que moi une légion de Québécois : Marie-Ève Munger, Dominic Côté, Tomislav Lavoie et la répétitrice Marie-Ève Scarfone. Tout ce qui aurait pu être intimidant a été atténué par la présence de toutes ces personnes si aimables et qui sont déjà des amis ! Et puis c’est le luxe, là-bas : j’avais une maquilleuse, une coiffeuse, deux habilleuses, une loge, etc. C’est bien différent des tournées des Jeunesses musicales, où il faut tout gérer soi-même. En fin de compte, j’ai trouvé cela très facile.

 

Vous avez des préférences musicales, styles, périodes, compositeurs ?

Le xxe siècle en général. J’aime beaucoup Richard Strauss et aussi les créateurs contemporains. La Québécoise Ana Sokolović compte au nombre de mes préférés.

 

Avez-vous un modèle vocal ?

Diana Damrau ! D’autant plus qu’elle m’a donné quelques cours.

 

Ce ne doit pas être facile de l’avoir comme professeur !

Non, surtout qu’elle ne donne que très peu de cours particuliers. Je l’ai rencontrée lors d’un passage au Club musical de Québec, il y a 3 ou 4 ans. Je lui ai demandé si elle accepterait de m’enseigner. Elle m’a dit que c’était rare qu’elle consentait à de telles demandes, mais qu’elle le ferait. Je suis donc allée la rencontrer deux fois à New York, chez elle. Le plus beau de l’histoire, c’est qu’elle m’a confirmé que j’avais reçu un excellent enseignement, et que ma technique était tout à fait la bonne. Chapeau à mes profs !

 

Une autre anecdote superbe : Lise Lindstrom, celle qui chantait Elektra dernièrement à Montréal, vous a fait tout un compliment, non ?

Oui ! Elle m’a dit que ma voix lui faisait penser à celle de Diana Damrau. Comment flotter plus haut ? [Rires]

 

Un rôle de rêve dans l’avenir ?

Sophie dans Le chevalier à la rose (Der Rosenkavalier), de Strauss. Je dirais aussi Susanna dans Les noces de Figaro (Le nozze di Figaro), Pamina dans La flûte enchantée (Die Zauberflöte) et Lulu, de Berg. Entre autres, car ce n’est pas tout, loin de là !

 

Quels projets se présentent devant vous en ce moment ?

Je prépare une tournée avec les Jeunesses musicales du Canada. Ce sera un récital centré sur un thème féminin : ça s’appellera Des femmes une voix. Je chanterai du très beau répertoire, plutôt oublié malheureusement, écrit par des compositrices. La tournée débutera le 2 novembre 2016.


Partager: