Gala Talent 2024: Les chanteuses à l'honneur
Photographie: Tam Lan Truong
Mercredi le 20 novembre dernier, onze artistes lyriques ont participé à la grande finale des auditions nationales de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Choisis parmi quelque 120 candidatures, ces sept chanteuses et quatre chanteurs ont interprété chacun une œuvre d’environ cinq minutes sur scène, accompagnés au piano soit par Martin Dubé (chef de chant principal de l’Atelier) ou Jerome De Los Santos (pianiste en résidence de l’Atelier, dont on doit d’ailleurs souligner la superbe performance). Plusieurs interprètes se sont clairement démarqués du lot au terme de ce gala, parmi lesquels nos québécoises.
La palme d’or doit d’abord être attribuée à deux artistes : la mezzo-soprano ontarienne Tessa Fackelmann et la soprano québécoise Natasha Henry, toutes deux récompensées à l’issue de la soirée. Elles ont offert des performances époustouflantes, dont le niveau dépassait largement celles d’autres collègues. Natasha Henry a chanté « Allons, il le faut… Adieu, notre petite table » du Manon de Massenet avec une maîtrise et une sensibilité qui m’ont laissée complètement baba. Elle a été mon coup de cœur de la soirée, et je n’ai visiblement pas été la seule conquise par son talent puisqu’elle s’est mérité le Prix Étoile Stingray, remis à la suite d’un vote du public. De son côté, Tessa Fackelmann a démontré qu’elle possède déjà l’étoffe d’une professionnelle en chantant avec brio « Enfin, je suis ici » tiré du Cendrillon de Massenet. Sa projection vocale et son agilité l’ont positionné au sommet de cette soirée, qui lui a valu le Grand Prix du Jury d’une valeur de 10 000$.
Parmi les autres artistes ayant retenu l’attention, il faut mentionner la soprano Rose Lebeau Sabourin, le ténor Spencer Vandellen, de même que les mezzos Queen Hezumuryango et Ellita Gagner. En plus de faire preuve d’une grande technique vocale, ces interprètes ont habité et joué leur personnage, aspect qui est selon moi essentiel dans un tel contexte pour captiver le public. Puisque les airs n’étaient pas mis en scène, le fait de les incarner a fait toute la différence en comparaison avec d’autres interprétations qui étaient principalement vocales. Rose Lebeau Sabourin a interprété « Chacun le sait » de La fille du régiment de Donizetti, un air qu’elle a confié apprécier tout particulièrement dans une entrevue faite avec elle au début de l’automne pour son Portrait à paraître en février prochain, dans le numéro 37 de L’Opéra. Son affection pour le rôle était évidente, et je crois pouvoir dire qu’elle a bel et bien convaincu le public de l’excellence du 21e régiment ! De son côté, Queen Hezumuryango a charmé par son attitude enjôleuse et son timbre chaleureux dans « Près des remparts de Séville » du Carmen de Bizet.
En somme, cette soirée animée avec grâce par Lucie St-Martin (ancienne de l’Atelier) et Ian Sabourin (résident de l’Atelier) a été très plaisante. On a même eu droit à une demande en mariage : Jamal Al Titi (résident de l’Atelier et récipiendaire du Prix Étoile Stingray lors du Gala Talent 2023) a demandé à sa compagne de l’épouser devant une salle Wilfrid-Pelletier émue. L’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal prendra dans les prochaines semaines sa décision finale, et le moins qu'on puisse dire, c’est qu’il y a du potentiel parmi les onze candidates et candidats qui se disputent une place au sein du programme. Le suspense est donc à son comble !