ACTUALITÉ - Trois artistes de la relève sur scène en Europe
Geoffroy Salvas, Rose Naggar-Tremblay et Emmanuel Hasler
Le baryton Geoffroy Salvas incarnait Marcello dans La bohème à l’Opéra Grand Avignon les 28 février, 2 et 4 mars 2025, mise en scène par nul autre que le directeur de la maison d’opéra, Frédéric Roels. Il s’agit d’une production assez classique dans sa facture, qui vise à recentrer l’attention sur le cœur du récit proposé dans le livret de Giacosa et Illica inspiré du roman d’Henri Murger. Il en résulte une scénographie minimaliste, qui permet en outre de mettre à l’avant-plan les interprètes.
Dans ce contexte, Geoffroy Salvas a su se démarquer à en juger par les critiques très positives de cette production, qui soulignent la clarté de son timbre vocal ainsi que la précision de son chant. Sur le site web Première loge, Aurélie Mazenq l’énonce en ces mots : « Geoffroy Salvas incarne un Marcello à la voix claire, lumineuse. Son chant précis et parfaitement ciselé met en valeur la profondeur du personnage ». Le critique du site web Ôlyrix, Julien Delhom, abonde dans le même sens : « Le couple qui rayonne le plus en ce jour est celui formé par la Musette de Charlotte Bonnet et le Marcello de Geoffroy Salvas. […] La force morale de Marcello ressort du chant de Geoffroy Salvas. Les inflexions de la voix caractérisent aussi bien sa rigueur que sa profonde empathie. La vaillance des notes fortissimo fusionne avec équilibre et harmonie avec celles de Musetta et de l’orchestre. La clarté du timbre contribue autant que la qualité de l’articulation à souligner la portée de ses parties, notamment dans les charnières dramatiques de la pièce ». Cette dernière critique montre bien que la qualité de l’interprétation vocale du baryton a été mise au service du personnage qu’il incarnait. Souhaitons que la reconnaissance de son talent lui permette de décrocher d’autres engagements en Europe dans les années à venir.
En ce qui concerne Rose Naggar-Tremblay, elle a su tirer son épingle du jeu en tant que César dans la production de Giulio Cesare in Egitto de Haendel, présenté pour la première fois par l’Opéra national de Toulouse. D’abord engagée pour incarner le personnage de Cornelia, la contralto s’est vue offrir le rôle-titre à la suite de la défection d’Elizabeth DeShong. Saisissant l’occasion d’interpréter un rôle dont elle avait toujours rêvé, Rose Naggar-Tremblay n’a pas hésité une seconde et s’est lancée dans le travail pour apprendre la partition à seulement sept jours d’avis avant le début des répétitions.
Ce travail soutenu aura porté fruit puisque son passage n’a laissé aucun critique indifférent ; un survol non exhaustif des critiques parues dans la foulée de son passage à Toulouse fait ressortir que son jeu nuancé, qui présente l’empereur romain comme un être amoureux torturé par des conflits intérieurs, a retenu l’attention. Emmanuel Andrieu pour ClassiqueNews a écrit : « La mezzo canadienne Rose Naggar-Tremblay, dans le rôle-titre, a été ovationnée pour sa performance vocale et scénique, incarnant un César à la fois puissant et vulnérable ». Jean-Luc Martinez, pour La dépêche, tient un discours similaire : « [Le César] que livre Rose Naggar-Tremblay sur la scène du Capitole est digne des plus grandes victoires. Dans son interprétation forte et sentimentale du rôle-titre de Jules César, la jeune contralto québécoise a dans sa voix l’étoffe d’un héros plus amoureux que belliqueux ». Quant au critique Juan Barrios, qui signe un compte-rendu de la production pour Ôlyrix, il dénote pour sa part le mariage heureux entre son interprétation dramatique et vocale : « Rose Naggar-Tremblay remplace Elizabeth DeShong dans le rôle-titre. Son timbre est riche et homogène, et elle parvient à allier virtuosité et expressivité dans chacune de ses interventions. Elle navigue habilement entre les registres, rendant justice aux subtilités vocales de son personnage. Son jeu scénique est assuré, mettant en avant la stature imposante de Jules César et ses conflits intérieurs ». Ce succès annonce une suite de carrière prometteuse pour la contralto québécoise. Espérons que nous pourrons l’entendre prochainement dans un grand rôle sur une scène locale !
Enfin, le samedi 15 mars 2025, Rose Naggar-Tremblay sera de retour dans la capitale bulgare pour reprendre le rôle-titre de Carmen qu’elle a déjà eu l’occasion d’interpréter à deux reprises, soit en octobre 2021 et janvier 2022. Cette fois, elle partagera la scène avec un compatriote : il s’agit du ténor Emmanuel Hasler, qui incarnera Don José pour faire ses débuts sur la scène de l’Opéra de Sofia. Souhaitons-leur de chaleureux applaudissements !