Critiques

Ensemble baroque Les Méandres
Haut : Sarah Douglass, Justin Luchinski, Tristan Best
Bas : Élyse Lamanque Girard, Jérémie de Pierre

*****

Dans le cadre de sa quatrième saison, l’ensemble baroque Les Méandres a fait une belle place au chant pour son concert Exitum, présenté à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours le 19 janvier 2020 dernier.  

En ce dimanche glacial, le chauffage de la sympathique chapelle peinait à maintenir une température confortable pour les quelques dizaines de curieux venus assister au concert. On salue donc le choix d’une formule courte, sans entracte. Le froid aura d’ailleurs donné du fil à retordre aux musiciens qui devaient maintenir l’accord de leurs instruments : cela s’est fait entendre à quelques reprises au niveau de l’intonation des pièces instrumentales. On retient malgré tout de magnifiques moments musicaux, notamment une impressionnante envolée d’Élyse Lamanque Girard dans une transcription d’une œuvre de Nicolas Vallet.  

Mais c’est surtout la voix qui aura retenu notre attention lors de cette soirée. Le quatuor vocal invité a offert une prestation sans faille. La soprano Geneviève Gates-Panneton possède une voix magnifique qu’elle maîtrise très bien, respectant l’esthétique baroque en dosant l’utilisation du vibrato. Le contreténor Matthew Muggeridge nous a par contre laissés sur notre faim puisque son timbre, très joli, se perdait souvent dans la balance. Le ténor Haitham Haidar a démontré une aisance sur l’ensemble de son registre. Quant au baryton Clayton Kennedy, qui nous est plus familier, il a été d’une constance remarquable du début à la fin.  

Les Méandres ont offert un concert bien ficelé, alternant pièces instrumentales et vocales, avec quelques interventions du directeur artistique Jérémie de Pierre qui a réussi à bien vulgariser le thème du concert. Celui-ci s’articule autour des philosophies protestantes diffusées par Martin Luther au XVI^e siècle et reprises par les huguenots, les protestants français. On a entre autres eu droit à des œuvres de Nicolas Vallet, Claude le Jeune et Paschal de l’Estocart. Ces compositeurs français, outre le fait d’être inconnus de la grande majorité du public, étaient tous habités par ces idées réformistes. Des notes de programmes bien étoffées permettaient aux plus curieux d’approfondir leurs connaissances sur le sujet, une attention bien appréciée.  

L’originalité des programmes de concert de ce jeune ensemble montréalais est très rafraîchissante sur une scène baroque parfois saturée des mêmes œuvres. On espère que cette identité transparaîtra dans le prochain concert des Méandres qui portera sur Johann Sebastian Bach.

*****