Critiques

RENCONTRE : Patrick Corrigan- L'Opéra de Montréal, une puissance artistique

RENCONTRE : Patrick Corrigan- L'Opéra de Montréal, une puissance artistique


L’Opéra - Revue québécoise d’art lyrique avait accueilli avec enthousiasme la nomination de Patrick Corrigan comme directeur général de l’Opéra de Montréal (voir L’Opéra, no 9 (Automne 2016), p. 5). Entré en fonction le 6 septembre 2016, celui qui avait gravi tous les échelons au Pacific Opera de Victoria et assumé la fonction de président-directeur général de la compagnie brittano-colombienne de 2010 à 2016, est maintenant à la tête de la compagnie lyrique montréalaise depuis trois ans pendant lesquels il dit avoir apprécié pleinement l’effervescence culturelle de la métropole québécoise. Il a voulu faire le portrait de l’Opéra de Montréal, bien davantage que le sien - avec la sincère modestie qu’on connaît de l’homme né è Montréal, d’un père anglophone et d’une mère francophone - lors de l’entretien qu’il nous accordé dans son bureau de la compagnie résidente de la Place des Arts.  

Au moment d’entamer votre quatrième année à la direction générale de l’Opéra de Montréal, pourriez-vous nous faire un portrait d’une compagnie lyrique qui se prépare à célébrer en 2020 ses 40 ans ?  

Je crois pouvoir dire que l’Opéra de Montréal a pris un nouvel élan et qu’elle a connu ces trois dernières années d’indéniables succès artistiques et de bons résultats financiers qui permettent d’être optimiste pour l’avenir et surtout de se projeter dans l’avenir. Si le grand répertoire lyrique a continué d’être mis à l’honneur et le sera encore, la réussite des créations comme Les Feluettes a su placer notre compagnie à l’avant-garde de la création culturelle et lui permettre de se positionner comme un acteur concurrentiel dans une métropole où l’innovation est valorisée. Quant à la situation financière qui avait été caractérisée par une stagnation dans les 15 dernières années, le budget de l’Opéra de Montréal a connu une augmentation progressive qui lui permettra de passer de 8 millions $ à 11 millions $ en 2020. Elle disposera ainsi de nouveaux moyens pour satisfaire les ambitions lyriques d’un public qui n’a pas cessé d’aimer l’art total. 

En votre qualité de directeur général et dès votre arrivée, vous avez coordonné le travail de préparation d’un nouveau plan stratégique pour l’Opéra de Montréal. Que retenez-vous de cet exercice et pouvez-vous nous en présenter les éléments essentiels ?  

L’élaboration d’un tel plan s’avérait essentiel pour engager l’Opéra de Montréal sur la route de la croissance. Animé par la consultante Laurence Orillard, l’exercice a mis principalement à contribution les membres du Conseil d’administration que préside Bernard Stotland ainsi que les membres du personnel de la compagnie. Il a dévoilé le fort degré d’attachement de ces personnes à l’entreprise et leur volonté de l’amener plus loin. Comme tout bon plan stratégique, il a présenté les résultats des analyses de la situation de l’Opéra de Montréal ainsi que l’écosystème de l’industrie dans lequel il évolue pour mieux formuler les stratégies qu’il devrait mettre en œuvre pour la période 2019-2023. Au terme de l’exercice, il a été décidé que ces stratégies viseraient à faire de l’Opéra de Montréal un catalyseur culturel de premier plan, un chef de file pour le développement des artistes, l’animateur d’une communauté forte et engagée autour de l’opéra, une compagnie aux atouts et ressources capables de bien stimuler la créativité et une entreprise dont l’équipe sera elle-même un succès. Un plan opérationnel s’élabore et sa mise en œuvre a déjà débuté. Je suis confiant que ce plan nous permettra d’atteindre les buts qui y ont été fixés, ce dont je suis d’autant plus convaincu du fait que nous pouvons compter sur l’appui et le dévouement d’une équipe aussi expérimentée que passionnée.  

Dans vos interventions publiques, vous parlez de l’Opéra de Montréal comme étant une communauté. Comment votre plan prévoit-il faire émerger cette communauté ou, si elle existe déjà, la renforcer ?  

Montréal est une ville où il y a un grand amour pour l’opéra et pour les remarquables artistes lyriques qui ont marqué à ce jour la vie lyrique du Québec. L’Opéra de Montréal a la responsabilité de rassembler les gens qui éprouvent cet amour et des gestes ont été posés pour favoriser ce sens de la communauté. Qu’il s’agisse de notre action éducative et sociale menée par Pierre Vachon avec le programme coOpéra, des activités au fort potentiel d’impact civique comme YO’péra ou encore la série Parlons Opéra dont la popularité nous surprend autant qu’elle nous réjouit, nous avons multiplié les efforts pour nous rapprocher de notre communauté et amener de nouvelles personnes à se joindre à notre aventure. Nos deux derniers lancements de saison ont été l’occasion d’associer la communauté à la vie de la compagnie, comme l’ont également été les Galas Talent de 2018 et 2019.


Patrick Corrigan
Directeur général de l'Opéra de Montréal

Nous entendons déployer encore plus d’énergie pour renforcer cette communauté en étendant par exemple la série Parlons opéra dans les banlieues sud et nord de Montréal et en multipliant les lieux de diffusion de nos spectacles comme on l’a fait lorsque nous avons choisi de présenter des opéras de chambre à l’Espace Go, où nous retournerons en 2020, ou au Théâtre Centaur la dernière saison. Et je ne ménagerai aucun effort pour que cette communauté se reconnaisse dans l’Opéra de Montréal et puisse s’y identifier. À preuve, on envisage un  projet de création d’œuvre à Pointe-St-Charles avec de nouveaux partenaires excitants. Le grand défi pour l’Opéra de Montréal sera d’ailleurs d’avoir une identité qui lui permettra de se distinguer dans l’univers culturel très compétitif de la Métropole.  

Production
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