Critiques

UN VENT DE BOHÊME À LAVAL

UN VENT DE BOHÊME À LAVAL

De gauche à droite:
Guillaume Beaudoin - Ottokar
Richard Fréchette - Carnero
Éric Thériault - Zsupan
Ruben Shaym Brutus - Barinkay
@ Bonnalie Brodeur

Ouvrage aux dimensions imposantes et d'une grande difficulté d'exécution, Le Baron tzigane représente un défi colossal pour toute compagnie lyrique. Avec ses moyens réduits, l'Opéra bouffe du Québec en propose une version certes modeste mais néanmoins agréable et où s'imposent avec évidence les interprètes féminines.

La vedette de la soirée est sans conteste Audrey Larose-Zicat, dont la voix souple, puissante et aux aigus rayonnants se joue des passages les plus redoutables du rôle de Saffi. À ses qualités de musicienne, elle joint une forte présence scénique qui rend particulièrement attachant son personnage de jeune bohémienne émancipée. Avec son timbre frais quoique légèrement pointu, Frédérique Drolet est parfaite en ingénue espiègle et bien résolue à épouser l'homme de son choix. Les deux mères de l'intrigue trouvent en Rachèle Tremblay et Arminè Kassabian des mezzos opulents dotés d'une merveilleuse sensibilité musicale.

Du côté masculin, il faut d'abord reconnaître que le ténor Ruben Shaym Brutus, comédien sympathique au demeurant, a été présomptueux en se mesurant au périlleux rôle-titre : la voix est bien légère, d'une tessiture limitée, et peine à soutenir les longues phrases exposées de Johann Strauss. Le Zsupan truculent d'Éric Thériault s'avère quant à lui nettement plus satisfaisant, tandis que l'Ottokar de Guillaume Beaudoin compense ses faiblesses vocales par son sens inné du comique. Grâce à sa voix bien projetée, son excellente diction et sa noble prestance, Dominic Lorange en impose en très digne comte Homonay.

À la tête de 13 musiciens et d'une trentaine de choristes, Simon Fournier sait trouver l'exacte pulsation d'une musique aux accents parfois délicieusement exotiques. Après sa belle Véronique de l'an dernier, Yvon Bilodeau semble avoir été moins inspiré par une action passablement enchevêtrée et aux renversements de situation hautement improbables. Enfin, les nombreux dialogues auraient gagné à être resserrés pour conférer davantage de rythme à un spectacle dont l'on retiendra en premier lieu la magnifique Saffi d'Audrey Larose-Zicat.

Le Baron tzigane, opérette en trois actes de Johann Strauss fils

Production
Opéra bouffe du Québec
Représentation
Maison des arts de Laval , 10 novembre 2017
Direction musicale
Simon Fournier
Interprète(s)
Ruben Shaym Brutus (Barinkay), Audrey Larose-Zicat (Saffi), Frédérique Drolet (Arséna), Éric Thériault (Zsupan), Guillaume Beaudoin (Ottokar), Rachèle Tremblay (Czipra), Arminè Kassabian (Mirabella), Dominic Lorange (Homonay)
Mise en scène
Yvon Bilodeau
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